En tournant le dos aux revendications des syndicats autonomes, les tutelles des secteurs concernés ne mesurent pas les conséquences qui découleraient du pourrissement. Décidément, le marasme régnant dans le secteur de l'éducation est plus profond que ne pensent les acteurs dudit secteur: les pouvoirs publics et les autorités concernées à tous les niveaux par leur gestion des conflits sociaux loin des voies réglementaires prévues par les lois 90-11, 90-14 et 90-02 allant de l'étape préventive à leur gestion et règlement. Le recours à la justice pour mettre fin ou plutôt «réprimer» les mouvements de grève, émanation de la base des syndicats autonomes, acteurs incontournables dans la Fonction publique, est-il une solution en lieu et place du dialogue social dans son volet réservé à la négociation collective? La recrudescence des mouvements de grève et de protestation qui touchent tous les secteurs de la Fonction publique, notamment la santé, l'éducation, les collectivités locales, en est la meilleure réponse. En effet, au moins douze wilayas du pays, Constantine, Annaba, Bouira, Boumerdès, Béjaïa, Tizi Ouzou, M'sila, Mostaganem, Tlemcen, Relizane, Batna, Sétif, etc, risquent la paralysie à partir d'aujourd'hui suite à la reprise des mouvements de grève et de protestation à l'initiative du Cnapest et de l'Unpef, notamment. Contraints d'arrêter leur mouvement de grève illimité lancé au cours de la deuxième quinzaine du mois de février dernier suite à la déclaration dudit mouvement d'illégal par voie de justice, les deux syndicats frondeurs de l'éducation semblent décidés à reprendre leur mouvement de grève et de protestation en contournant l'appareil judiciaire par la décentralisation de la contestation en laissant libre choix aux conseils syndicaux au niveau des wilayas de décider des actions jugées utiles et nécessaires pour la continuation de leur mouvement. Ses actions décentralisées, selon des deux porte-parole desdits syndicats, viennent en appoint aux intentions des directions nationales pour dénoncer «la fuite en avant de la tutelle par son attitude des plus négative et provocatrice envers les travailleurs de l'éducation en décidant d'opérer des ponctions sur les salaires des grévistes», déclarent Lamraoui de l'Unpef et Nouar du Cnapest avant d'ajouter: «En lieu et place d'un dialogue constructif et objectif et d'une négociation sérieuse sur les engagements du ministère sur les trois revendications, à savoir le régime indemnitaire, la médecine du travail et les oeuvres sociales, et autres problèmes du secteur au niveau de chaque wilaya, la tutelle a choisi la voie du pourrissement en croyant ou plutôt, dans le but d'assommer les syndicats autonomes qui tirent leur légitimité de leur base syndicale réelle et effective.» Même si la reprise de la contestation est partagée, sa nature diffère d'une wilaya à l'autre selon les recommandations et les déclarations sanctionnant les travaux des conseils de wilaya. Pour ce faire, il a été décidé d'observer une journée de grève suivie d'un rassemblement ou d'une marche à une semaine de grève reconductible, comme le prévoit l'Unpef dans certaines wilayas. Ainsi, après une courte accalmie qui a suivi le gel forcé de la grève des travailleurs de l'éducation, le secteur de Benbouzid sombre à nouveau dans un marasme sans précédent dont les conséquences s'annonce d'ores et déjà catastrophiques sur la pédagogie et la scolarité des élèves. Après les actions de rue entamées par les praticiens de la Santé publique, et la grève de trois de jours, à partir du 26 avril en cours, des communaux et la reprise de la contestation dans le secteur de l'éducation à partir d'aujourd'hui dans une douzaine de wilayas au moins, c'est tout le front social qui est en ébullition. Par ailleurs, la question relative à la reconnaissance réelle et effective des syndicats autonomes, qui ont prouvé leur représentativité sur le terrain syndical à plusieurs reprises, comme partenaire social à part entière, reste intégralement posée. Entre les devoirs et les droits des uns et les obligations des autres, les victimes ne se comptent plus.