Une intéressante exposition se tient au Musée du Bardo autour des architectures premières du pays. Après une exposition remarquée en France dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France 2003, Chaïd-Saoudi Yasmina assistée de Drici Salim, a accroché mercredi son oeuvre aux cimaises du Musée du Bardo où elle a réédité, à environ 90%, la même exposition qu'elle montra en France. Cette exposition a drainé un bon nombre de curieux car elle est la première qui expose en Algérie après avoir pris part à la l'Année de l'Algérie en France. Les maquettes que présente l'artiste nous font faire une sorte de voyage dans le temps et plus précisément à deux millions d'années d'Histoire et présente l'homme dans son environnement général. La première préoccupation de l'homme a été d'assurer sa sécurité, c'est pour cela que la recherche d'un site sûr constitue sa principale quête; après la sécurité, l'homme préhistorique se souciera un peu plus de son confort. Le thème de l'exposition du Bardo «L'habitat préhistorique raconté» présente ainsi plusieurs sites archéologiques algériens datant de la préhistoire et de la protohistorique des campements et des constructions élaborées de diverses périodes. L'une des plus anciennes connues est certes celle d'Aïn el-Hamèche (1.800.000 ans avant notre ère) qui évoque le mode de vie des habitants de cette région qui évoluent au sein d'une flore et parmi une faune tout à fait différentes de la période contemporaine comme l'indiquent les traces et les ossements d'animaux équatoriaux tels que les éléphants, les girafes et les phacochères sont relevés sur ce site, où on trouve aussi les premiers outils, taillés dans la pierre des galets et qui témoignent d'une présence paléolithique dans ces contrées de l'Algérie. L'archéologue, Chaïd-Saoudi Yasmina a, lors d'une remarquable intervention, guidé avec maîtrise les visiteurs dans ces lieux chargés d'histoire utilisant comme supports didactiques des panneaux panoramiques d'une grande qualité, puis de maquettes réalisées en grandeur nature. Chaïd-Saoudi, avec une verve empreinte de passion, entraîne les visiteurs dans la découverte des objets archéologiques dont certaines sont de véritables créations d'art. Ainsi, nous avons eu droit à une présentation du «pavement acheuléen de N'Gaous» qui est le site où ont été trouvés les plus anciens galets bifaces à former une surface pavée à l'ancienne. Deux panneaux panoramiques ayant pour titre «Les escargotières de Aïn Dekkara» à Tébessa renseignent sur le type de régime alimentaire des habitants et sur la forte concentration de la population, à cette période-là. Les escargotières se présentent comme une masse de terre noire mouchetée de blanc et constituant les seuls reliefs de cuisine dans l'habitat capsien fréquenté par une population protoberbère ; ces escargotières, amoncellement de pierres calcinées, de coquilles d'hélix (complément alimentaire encore en usage) et de charbon de bois, de genévrier de panis ainsi que d'outils et d'ossements d'animaux et humains. Un autre panneau présente un paysage du Hoggar près de Tamanrasset verdoyant où les habitants pratiquaient aussi la chasse à l'antilope, tout comme ils pratiquaient la pêche dans les eaux pérennes situées à l'ouest d'Amekni, démontrant par là l'existence d'une véritable agriculture.