Les prix du pétrole qui sont prêts à s'enfoncer sous la barre des 100 dollars à New York, indiquent que le gouvernement pourrait être conduit à prendre une telle mesure... L'échéance d'une gestion drastique des deniers de l'Etat se rapproche inexorablement. Le grand argentier du pays qui a tablé sur un baril de pétrole à 71 dollars pour assurer l'équilibre du budget 2013 ne sera probablement pas contrarié dans ses prévisions. Une copie qu'il sera obligé de revoir dans un trimestre, si le contexte dans lequel évolue le marché pétrolier venait à se détériorer davantage. Quelles seraient les conséquences d'une telle mesure? La réponse se trouve dans la déclaration même du ministre des Finances. «A l'état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d'équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l'emploi et réduirait le pouvoir d'achat des citoyens», avait estimé Karim Djoudi dans un entretien accordé à l'APS, il y a à peine une dizaine de jours. La tripartite tombe à pic pour mettre les choses à plat. Les questions économiques qui doivent se situer au coeur de cette rencontre qui se tiendra le 10 octobre seront très certainement évoquées dans le sillage de cette glissade ininterrompue des prix du pétrole qui a perdu une dizaine de dollars en l'espace de moins d'un mois. Bien que libéré de la problématique des augmentations de salaires qui sera, selon toute vraisemblance, renvoyée à un autre rendez-vous, le patronat ne se rendra pas à cette rencontre la fleur au fusil. Comme c'est d'ailleurs le cas pour le représentant du gouvernement. Placée sous le signe de la lutte contre l'inflation, de la maîtrise de la flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes...pour tenter de sauvegarder le pouvoir d'achat elle ne peut échapper aux fluctuations du marché de l'or noir. Des niveaux élevés des prix du pétrole sont une garantie de stabilité sociale et une condition sine qua non pour pouvoir mener à bon port les programmes de développement économique initiés par les pouvoirs publics dans le cadre du quinquennat 2009-2014 ainsi que dans les prochains mois à venir. L'Algérie est toujours en chantier et son économie qui reste chevillée aux exportations des hydrocarbures est plus que jamais dans l'attente d'une diversification qui fait toujours couler beaucoup plus de salive que d'accoucher de résultats probants et rassurants. La marge de manoeuvre est étroite. Les recettes pétrolières sont en baisse, les gisements d'hydrocarbures sont en déclin alors que l'économie nationale qui dépend à quelque 97% de ses exportations de pétrole et de gaz est davantage parasitée par une facture des importations qui doit exploser d'ici la fin de l'année 2013 pour osciller autour des 60 milliards de dollars. Les choses se corsent. Les nouvelles ne sont guère très bonnes. Les prix du baril de pétrole sont en perte de vitesse. Ils ont baissé nettement hier en cours d'échanges européens, pénalisés en cette seconde journée de cotation par l'impasse budgétaire aux Etats-Unis et les signes d'un réchauffement entre Téhéran et Washington. «La paralysie pourrait conduire à une baisse de la demande de pétrole chez le premier consommateur mondial de brut...La possibilité de la levée des sanctions contre l'Iran, qui conduirait à une augmentation des exportations iraniennes, fait également baisser les prix de l'or noir» signalaient les analystes de Marex Spectron. Le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en novembre cédait hier 76 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) par rapport à la séance de lundi et s'échangeait à 101,57 dollars. La conjoncture indique que les prix du pétrole sont prêts à s'enfoncer sous la barre des 100 dollars à New York, ce qui pourrait compliquer la feuille de route du gouvernement... L'Algérie fera-t-elle marche arrière? Probablement que non, tant que son assise financière repose sur plus de 185 milliards de dollars, mais à moyen terme si la situation venait à se détériorer davantage... elle demandera certainement à souffler.