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Israël et les monarchies, même combat?
Publié dans L'Expression le 03 - 10 - 2013


L'antienne, «l'ennemi de ton ennemi est ton ami» va-t-elle avoir du crédit au Moyen-Orient où Israël et les monarchies du Golfe expriment les mêmes griefs à l'encontre des Etats-Unis après leur renoncement à frapper la Syrie? En effet, l'Etat hébreu et les autocrates moyen-orientaux sont mécontents autant du développement de la situation en Syrie, contraire à leurs espoirs, que de l'apaisement intervenu ces derniers jours dans les relations entre Washington et Téhéran. Cette convergence d'intérêts des sionistes et des monarques absolus du Golfe est plutôt bizarre et est détonante eu égard aux réactions courroucées des uns et des autres. En fait, l'acharnement d'Israël - par Américains interposés - à vouloir frapper les sites nucléaires iraniens n'a d'égale que la haine que les monarques du Golfe portent au président syrien, Bachar Al Assad. Voilà ce que l'on pourrait qualifier de fauteurs de troubles. Plutôt que de chercher à résoudre par des moyens pacifiques les différends qui les opposent à la Syrie et à l'Iran, Israël et les monarchies concentrent leurs efforts à ouvrir de nouveaux foyers de guerre, mettant à contribution la puissance militaire américaine, à défaut de pouvoir le faire eux-mêmes. Et pour cause! Alors que le dégel intervenu entre Washington et Téhéran a été accueilli avec satisfaction par la communauté internationale, Israël et les monarques se démarquent de cette approbation unanime en fustigeant, quasiment de concert, l'approche US pour une solution diplomatique des dossiers syrien et iranien qu'Obama semble - nonobstant un possible retour en arrière - désormais privilégier. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui rencontrait lundi dernier, le chef de l'Etat américain, Barack Obama, lui réclama le «démantèlement» des sites nucléaires iraniens exigeant que «l'Iran démantèle complètement son programme nucléaire militaire» tout en demandant le maintien des sanctions actuelles contre ce pays. Et celui qui pose de telles exigences dirige un pays, Israël, qui réalise des recherches approfondies dans le nucléaire militaire; qui n'est pas partie du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) - auquel adhère l'Iran -; qui possède des ogives atomiques - estimées selon les experts occidentaux entre 80 et 280 têtes atomiques - sans qu'elles soient déclarées; qui interdit aux inspecteurs de l'Aiea (Agence internationale de l'énergie atomique) de contrôler le site de Dimona. Comme le rappelle fort à propos le chef de la diplomatie iranienne, Mohammed Javad Zarif: «Depuis 22 ans, le régime sioniste ment en répétant sans cesse que l'Iran aura la bombe atomique dans six mois. Le monde doit comprendre après toutes ces années la réalité de ces mensonges et éviter qu'ils se reproduisent.» Toutefois, les campagnes d'Israël et les gros mensonges qui l'accompagnent font oublier au monde qu'Israël figure dans le «top 9» des puissances nucléaires. Notons cette autre anomalie, les conférences internationales sur le désarmement nucléaire du Moyen-Orient, concernent tous les pays de la région, sauf... Israël. Cela pour Israël. Et l'Arabie Saoudite? Riyadh, chef de file du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et principal soutien des jihadistes en Syrie, espérait fermement une intervention américaine contre le régime de Bachar al Assad. C'est dire la déception, sans doute la frustration, - «(...) nous nous attendions à la frappe qu'il (Obama) avait promise pour punir le régime syrien» s'exclamait dépité un analyste saoudien - d'un pays prêt à se vendre au diable pour peu qu'on fasse le travail à sa place. Israël et l'Arabie Saoudite font «jonction» au carrefour syro-iranien, pointant du doigt leurs «ennemis communs». Pourquoi ces deux puissances régionales, Israël (seule puissance nucléaire de la région) et l'Arabie Saoudite (dont l'arsenal militaire conventionnel est unique du genre au Moyen-Orient, acheté aux Etats-Unis à coup de milliards de dollars), ne se font-elles pas «justice» si tant est que le droit soit de leur côté? Or, l'une et l'autre comptaient sur les Américains et étaient prêtes à les «conseiller», sur la manière de «frapper» ces pays irréductibles. Evidemment, l'Arabie Saoudite qui acquiert beaucoup de ferraille américaine qui ne lui sert absolument à rien - près de 90 milliards de dollars de commandes pour les prochaines années - outre ses robinets pétroliers grands ouverts pour les USA, s'attend en retour à ce que Washington - qui déjà protège le trône saoudite contre les dangers intérieurs - le défende contre le méchant voisin iranien. Or, à en croire des révélations faites par certains médias et sources militaires américains, Washington préparerait un coup de Jarnac à Riyadh. Question: l'Arabie n'étant pas Israël, qui protégera le trône saoudien de ses «amis»?

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