Le front social et ses convulsions conflictuelles ont suscité une grande attention chez les six candidats. Dans ce sens, Benflis s'est engagé à préserver les libertés syndicales et consolider le droit syndical dans le cadre du dialogue social. En outre, le prétendant à la magistrature suprême promet que «la tripartite sera institutionnalisée et dotée de règles de fonctionnement». Sur le même chapitre, le candidat prévoit d'organiser une large concertation avec les partenaires économiques et sociaux en vue de «l'élaboration, l'adoption, et la promulgation d'une charte sociale qui définit les droits et obligations de l'Etat, des travailleurs et du patronat dans le domaine social». C'est ainsi, explique Benflis, que les contours de la politique sociale de l'Etat seront fixés. Quant au président sortant, il tient, d'emblée, à rassurer que «l'avènement de l'économie de marché ne saurait signifier le relâchement de la politique nationale, de justice sociale et de solidarité envers les démunis». Pour tracer l'objectif de sa politique sociale, Bouteflika précise que «la relance économique doit permettre d'offrir une chance au plus grand nombre de nos compatriotes d'accéder à la création de leurs propres revenus dans la dignité». Parallèlement, le candidat affirme que «le soutien de l'Etat sera maintenu et renforcé au profit des faibles revenus et des démunis pour l'accès à l'école, aux soins médicaux et aux prestations sociales de base». A titre d'exemple, Bouteflika prévoit «l'instauration de l'aide publique au loyer pour les revenus modestes ainsi que la généralisation du transport scolaire et du système des cantines au profit des élèves des zones déshéritées». Dans le même contexte, le président sortant s'est fixé comme mission le maintien et l'amélioration de la politique de solidarité nationale envers les personnes en détresse, l'enfance abandonnée, les personnes âgées et les handicapés «par le biais d'un effort national mobilisant les moyens publics et la générosité de la société par l'intermédiaire du mouvement associatif». Pour sa part, Djaballah revendique «le renforcement du ministère des Affaires sociales pour lui permettre de répondre aux besoins sociaux». Pour ce qui est de l'enfance, le candidat islamiste plaide pour «la création d'un conseil national pour l'enfance ainsi que des établissements de l'éducation sociale en faveur des orphelins et des handicapés». Par ailleurs, le chef du MRN juge primordiale «une prise en charge convenable pour les enfants doués». Mme Hanoune, qui mène une guerre sans merci contre les privatisations, déclare urgent de régler les questions «du pain, de la santé, de la scolarisation des enfants et du travail». Ennemie jurée de la mondialisation, la candidate du PT souligne que «le processus mis en place menace l'unité des travailleurs qui est leur principal acquis, leur force, leur moyen de défense contre l'offensive féroce qui, à travers les accords avec l'OMC, l'accord d'association avec l'UE et le projet Eizenstat ciblent leur survie même». Réitérant son appel à un Congrès national, Hanoune estime impérieux d'«ordonner le paiement et l'augmentation des salaires et retraites, les mesures sociales hardies nécessaires pour que les Algériennes et les Algériens puissent travailler, se nourrir, scolariser leurs enfants, les soigner...» S'appuyant sur le chiffre de 33 milliards de dollars en réserve de change, la candidate indique qu'«il est temps et légitime que le Smig soit relevé à 24.000 DA, cette somme correspondant au budget vital établi par la centrale syndicale pour une famille de 7 membres». Concernant Rebaïne, il milite pour «la protection de toutes les couches sociales, la consécration des libertés syndicales et l'ouverture d'un large dialogue avec l'ensemble des composantes de la société». Sadi, lui, part du constat que «le capitalisme de l'Etat et le sentimentalisme démagogique ont renforcé l'assistanat au détriment de la promotion sociale et de l'égalité des chances». L'autre diagnostic relevé par le candidat du RCD est «la pauvreté qui gagne des catégories de plus en plus larges de la société ainsi que l'accès aux services sociaux de base qui est hypothéqué». En guise de recommandation, Sadi précise que «l'impératif de justice sociale est tributaire de la relance économique et de la concrétisation des réformes structurelles». Dans la même optique, le candidat qualifie d'impératif «l'institutionnalisation du dialogue social avec les partenaires librement désignés et représentatifs»