Soumis à de grandes pressions, des animateurs de syndicats autonomes comptent faire une halte pour dresser un état des lieux des libertés syndicales en Algérie lourdement menacées d'une remise en cause. Le Comité national des libertés syndicales (CNLS) organise aujourd'hui à Alger une conférence nationale des cadres syndicaux sur le thème générique de “Libertés syndicales et droit de grève”. Outre l'allocution d'ouverture du coordinateur du CNLS, le Dr Tahar Besbas, qui portera sur la politique syndicale, trois autres communications (“Dialogue et conflit social”, “Reconnaissance syndicale” et “Le droit de grève”) seront présentées par des animateurs de syndicats autonomes (CLA, Cnapest et Snapap). Des débats s'ensuivront et une déclaration finale sanctionnera cette rencontre. En outre, les participants à cette conférence adopteront le premier rapport du CNLS sur les libertés syndicales en Algérie. Le projet de rapport retrace l'historique du syndicalisme en Algérie, rappelle les textes réglementaires protégeant les libertés syndicales et présente leur situation en Algérie. “Devant l'engagement des travailleurs et la pertinence des positions des différents syndicats autonomes, le pouvoir, conscient qu'il ne pourra en aucun cas faire passer des réformes douloureuses et impopulaires, décide de museler les syndicats en décrétant un monopole syndical à travers le syndicat historique (UGTA, ndlr)”, lit-on dans ledit projet de rapport. Devant les menaces pesant sur les syndicalistes et les libertés syndicales, le CNLS se considère comme “le cadre idéal pour se défendre et résister aux mesures tendant à réduire les libertés syndicales et les libertés en général”. Le CNLS, qui s'est déjà donné une charte, compte désormais faire office d'observatoire qui aura à “recenser, analyser et élaborer des rapports concernant les libertés syndicales”. Des rapports qui seront confectionnés tous les six mois. Dans le chapitre consacré aux libertés syndicales, y sont relevées les contradictions des lois sociales, c'est-à-dire les différentes atteintes à des droits pourtant reconnus. Des exemples documentés d'atteinte aux libertés syndicales sont cités : 19 cas au total. Après un sévère réquisitoire contre les autorités publiques, le CNLS leur proposera 9 recommandations pour une meilleure consécration des libertés syndicales, entre autres, le respect du droit des organisations de travailleurs de constituer des fédérations et des confédérations ; le respect du droit des travailleurs à participer aux négociations collectives à travers leurs organisations syndicales respectives, en considérant les syndicats autonomes comme de véritables partenaires sociaux et en les associant à toutes les actions qui engagent l'avenir des travailleurs et la cessation de toutes les actions qui tendent à restreindre l'exercice du droit syndical. Le CWLS de Béjaïa interpelle les pouvoirs publics Le Comité de wilaya des libertés syndicales (CWLS) de Béjaïa s'est réuni hier pour examiner l'état des libertés syndicales et la situation socioprofessionnelle des travailleurs. “Le CWLS de Béjaïa dénonce avec force les atteintes aux libertés syndicales et toutes les pressions exercées sur les responsables syndicaux (…)”, lit-on dans le communiqué sanctionnant cette réunion. Tout en leur exprimant son soutien et sa solidarité agissante, le CWLS de Béjaïa interpelle les pouvoirs publics pour “cesser toutes ces pratiques de pression qui portent atteinte aux lois de la République relatives à l'exercice des libertés syndicales et du droit de grève”. Enfin le CWLS compte organiser prochainement une rencontre pour envisager “des actions dans l'unité pour rejeter toutes les réformes impopulaires et antisociales imposées par le gouvernement”. A. C.