De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Dès ce matin 8 heures (7 h en Algérie) 134 bureaux de vote, dont 76 délocalisés (c'est-à-dire hors sièges consulaires) sont à la disposition des électeurs algériens de France désireux d'accomplir leur devoir de citoyens (c'est aussi un droit) pour le compte du premier tour de l'élection présidentielle. Ils sont 776 218 inscrits sur les listes électorales mises à jour récemment par les 18 consulats généraux et consulats répartis à travers l'Hexagone. Ainsi, les compatriotes de ce côté-ci de la Méditerranée ont jusqu'à cinq jours, les bureaux de vote étant ouverts jusqu'au jeudi 9 avril à 20 heures, pour mettre leur bulletin dans l'urne pour choisir lequel des six candidats accédera à la magistrature suprême du pays pour la période 2009-2013. L'administration organisatrice des élections a tenu compte des conditions spécifiques à cette frange de la population nationale qui ne bénéficie pas de jour férié propice à un scrutin, d'autant qu'une partie de ses membres réside loin des bureaux de vote. Cette élection intervient après une phase d'organisation administrative et de sensibilisation citoyennes, guidées, rassure l'ambassade d'Algérie à Paris, par le souci d'organiser un scrutin transparent, le plus parfait possible, et de convaincre le plus grand nombre d'électeurs à user du droit d'élire leur président de la République. Mises à jour des listes électorales, identification des lieux abritant les bureaux de vote délocalisés et réunions nombreuses, avec le soutien d'un mouvement associatif en net regain de renaissance, dans le but de convaincre de l'utilité, voire de la nécessite, à voter ont été les activités essentielles de cette phase qui a vu l'ambassade d'Algérie faire un tour de France pour s'enquérir sur place de la bonne mise en œuvre de la mission confiée par l'administration nationale. Une seule faille peut être, toutefois, relevée dans ce dispositif : l'absence d'une information directe des électeurs sur les jours du vote et surtout sur les lieux de l'accomplissement de l'acte électoral. «Voter ? Mais où ?» Que de fois cela a été entendu à Paris où aucun citoyen n'a reçu de courrier l'informant où se trouvait son bureau de vote. Pour les précédentes élections, trois, voire quatre lieux distincts étaient ouverts aux électeurs, en fonction de l'arrondissement de résidence. Cette année, tout est centralisé dans les locaux de l'ancien consulat, rue Bourret, dans le XVIIIe arrondissement. Mais comment le savoir ? Le consulat assure que le travail a été fait par des spots d'information émis en boucle à travers les radios communautaires et Canal Algérie TV. Ce qui est vrai. La piste du courrier personnalisé a été abandonnée «parce que, dixit une source consulaire, lors des précédentes consultations, nous avons eu un retour de courrier effarant ; les personnes déménagent et ne communiquent pas leur nouvelle adresse». Mais cela ne risque pas de pénaliser ceux qui n'écoutent pas les radios communautaires et ne regardent pas Canal Algérie ? Ou ceux qui ne se branchent pas au moment du passage du spot ? Pour une élection où la question du taux d'abstention paraît presque centrale, cela mérite d'être souligné. La question du taux d'abstention ou du taux de participation, à l'élection présidentielle est un souci qui a dominé la deuxième phase de pré-élection, c'est-à-dire la campagne électorale. Celle-ci a bien eu lieu pratiquement dans toutes les villes et cités où existent une forte communauté algérienne. L'une de ces principales caractéristiques est la quasi-inexistence de campagne des cinq candidats qui s'opposent au président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Les partisans de celui qui se propose de rempiler pour un troisième mandat, fort de l'implantation en France du FLN et du RND, et du renfort de trois personnalités, M. Sellal, directeur de campagne, M. Messahel, le ministre délégué, et de M. Ghoualmi, ancien ambassadeur à Paris, ont été les animateurs de la campagne. Les partisans du boycott se sont manifestés, particulièrement à Paris et à Marseille. Le candidat d'El Islah, M. Younsi, a vu des intrusions timides de ses rares militants. Pendant ce temps, le mouvement associatif a poursuivi son travail de sensibilisation qui, malgré les sensibilités politiques des uns et des autres, a privilégié la démarche citoyenne. Comme un symbole, ce sont trois associations de cadres, d'intellectuels et d'universitaires qui ont de fait clôturé la campagne électorale présidentielle par un dîner-débat qui a réuni deux cents personnes dans un hôtel parisien, avec comme invité d'honneur Missoum Sbih, l'ambassadeur d'Algérie en France. Le diplomate, comme les intervenants au nom des trois associations (REAG, AEMADA et CMRP) ont tous axé leurs propos sur la nécessité d'aller voter, quel que soit son candidat préféré. On verra au plus tard le 9 avril si ce message a été entendu et par combien d'électeurs inscrits.