Deux journalistes d'une télévision irakienne ont été assassinés hier dans la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, a annoncé la chaîne pour laquelle ils travaillaient. Il s'agit, selon la télévision Sharqiya, du correspondant Mohammed Karim al-Badrani et du caméraman Mohammed Ghanem. Les meurtres ont été confirmés par un officier de la police et un médecin, précisant que les deux journalistes ont été tués par balles. Les reportages des deux journalistes sur les forces de l'ordre et des responsables de Mossoul leur avaient valu des menaces de morts de la part de groupes opposés au gouvernement, selon un journaliste de Sharqiya qui a requis l'anonymat. Mossoul est l'une des zones les plus dangereuses en Irak, des activistes menant régulièrement des attaques, et extorquant de l'argent aux commerçants de la ville. L'Irak fait par ailleurs l'objet de critiques récurrentes à propos de ses lacunes en matière de liberté de la presse. « De nombreux journalistes irakiens sont exposés de façon systématique à des menaces, des tentatives de meurtre, des attaques, des difficultés pour obtenir des accréditations, des refus d'accéder à certains endroits, la confiscation de leur équipement, etc...», avait affirmé plus tôt cette année l'organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF). Des journalistes accrédités par le gouvernement se voient régulièrement refuser l'accès aux sites d'attaques et sont empêchés d'effectuer librement des reportages dans Baghdad. L'usage d'une caméra ou d'un appareil photo attire souvent la suspicion des forces de sécurité. Introduire une caméra dans la «zone verte» de la capitale, zone ultra-protégée qui abrite notamment les locaux du gouvernement, se révélé difficile même pour des évènements ou des conférences de presse officiels. L'Irak connaît un regain de violences inédit depuis cinq ans du fait de l'aggravation des tensions confessionnelles entre chiites et sunnites. Plus de 4750 personnes ont été tuées depuis le début de cette année dans des actes de violences, selon un bilan établi à partir de sources sécuritaires et médicales.