«Il aura fallu attendre 50 ans après pour que les martyrs des événements de 1963 aient droit à une reconnaissance populaire, rendue possible hier à Akfadou.» Les martyrs de la liberté et la démocratie, tombés lors des événements de 1963 à 1965, ont désormais une stèle à leur mémoire. Elle a été inaugurée hier matin à Akfadou par les responsables, militants et sympathisants du Front des forces socialistes en présence des nombreux invités, dont la famille révolutionnaire et de simples citoyens. La cérémonie d'inauguration s'est déroulée dans une ambiance empreinte de convivialité et surtout d'émotion, n'ayant d'égale que le sacrifice de ces 480 combattants, dont une vingtaine à Béjaïa, pour que l'Algérie, qui venait à peine d'arracher son indépendance, puisse emprunter le chemin de la démocratie et de la liberté telles que voulues par les martyrs de la révolution de 1954-1962. Hier, cette même famille s'est jointe à la nouvelle génération arrivée aux commandes du pays pour leur rendre hommage. 50 ans après, les martyrs de 1963 obtiennent «la reconnaissance populaire», elle reste celle de l'Etat que tout un chacun espère se traduire à travers le projet de loi déposé par les députés du FFS auxquels se sont associés d'autres parlementaires, las de voir autant de militants tombés dans l'oubli. Hier, tôt le matin, des milliers de personnes affluaient vers la commune d'Akfadou, localité où le colonel Amirouche avait décidé d'implanter le poste de commandement de la Wilaya III historique. 50 ans après, le hasard a fait que cette région, qui a beaucoup donné pour la libération du pays du joug colonial, soit le théâtre d'un événement longtemps attendu. Une stèle à la mémoire des martyrs des événements de 1963, appelés aussi communément les événements du FFS. Elle est l'oeuvre de la génération post-indépendance, qui lance ainsi un message de la poursuite du combat des aînés pour une Algérie «libre, sociale et démocratique». Le parcours qui séparait le siège de la section «Irid L'ahcen» FFS d'Akfadou et le lieu dit «Ighlen», où est implanté l'édifice commémoratif n'était pas large pour contenir ces milliers d'hommes et femmes de jeunes et moins jeunes venus des quatre coins du pays pour partager ce moment fort en symbolique. Les organisateurs avaient tout le mal du monde pour former les carrés, précédés par la section des scouts d'Amizour, les combattants du FFS durant les événements de 1963, les fils de chahid et les citoyens. La procession humaine s'ébranlera alors vers le site commémoratif. Arrivée au carré des martyrs de la révolution, une minute de silence fut observée à leur mémoire, ponctuée par le dépôt d'une gerbe de fleurs. L'hymne national retentit dans le silence montagneux de l'Akfadou, sous les youyous stridents de nombreuses femmes. Il retentira encore plus fort, dix minutes après l'arrivée devant la stèle. Le député Khaled Tazagharth, Tafat Massinissa, 1er secrétaire de la section locale, Hadaou M'henni, le plus jeune maire du pays également maire de la commune d'Akfadou, le premier secrétaire du FFS et d'autres intervenants se sont succédé pour aborder la symbolique de l'événement. Le maire d'Akfadou a tenu à préciser que la stèle n'a bénéficié d'aucune aide étatique. Elle est le fruit de dons de militants, cadres et sympathisants du parti. Elle est construite également sur un terrain dont a fait don un citoyen d'Aourir. Le premier secrétaire du FFS a rendu un vibrant hommage aux martyrs de la démocratie estimant que le geste d'aujourd'hui est «un courage politique» qui marque la fidélité du FFS à tous ceux qui ont milité pour la liberté et la démocratie. Il mettra en exergue l'initiative des parlementaires pour la reconnaissance officielle de ces martyrs. Quant au choix de la localité d'Akfadou pour l'implantation de cette stèle, le patron du FFS évoquera l'intense activité de la section locale mais également le fait que cette localité compte de nombreux martyrs de la révolution. Le député Khaled Tazagharth rendra hommage aux martyrs des événements du 05 octobre 1988, ceux des événements douloureux d'avril 2001 en Kabylie. Aussi, les nombreux participants se sont retrouvés une nouvelle fois au chef-lieu pour partager cette fois-ci un couscous offert par les citoyens de la région.