De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La célébration du 48e anniversaire de la fondation du Front des forces socialistes (FFS), le 29 septembre 1963, a été l'occasion pour le premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou, de revenir sur les positions de sa formation politique concernant la situation du pays, notamment depuis le déclenchement des révoltes dans les pays arabes et nord-africains. Lors d'un meeting qu'il a animé, jeudi dernier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, après une cérémonie de recueillement devant la stèle commémorative des martyrs du parti, le responsable du FFS, comme à son accoutumée, n'a pas été tendre avec le pouvoir qu'il accuse de manquer de volonté pour un véritable changement politique. «Le pouvoir a rendu la vie politique stérile et la rue inefficace par ses ruses et manipulations», dit encore l'animateur du meeting accusant le pouvoir de monter «des pièces de théâtre pour éviter le vrai changement». Karim Tabbou pense que le pouvoir joue dans le faux. Il énumère trois faux actes que le pouvoir aurait orchestré dans ce qu'il appelle «un vrai théâtre». «Le pouvoir a organisé des fausses émeutes pour éviter les vraies, des fausses marches pour éviter les vraies et enfin une fausse révolution pour éviter la vraie», soutient le numéro deux du FFS en parlant des fameuses émeutes du début janvier, des marches organisées par la CNCD-RCD, ainsi que ce qui était présenté comme l'appel du 17 septembre pour la révolution en Algérie. Pour Karim Tabbou, toutes ces actions sont orchestrées par le pouvoir «pour rendre inefficace l'action de la rue et rendre stérile la vie politique dans notre pays». En outre, le responsable du FFS dénonce l'absence de volonté de changement politique en Algérie à la lumière des réformes lancées «à l'envers» depuis le déclenchement des révoltes dans les pays arabes et d'Afrique du Nord. «Le pouvoir refuse de considérer la société comme un acteur du changement», affirme encore l'orateur qui cite les sept lois que le pouvoir compte réformer «dans le but de gagner du temps, alors qu'il fait perdre du temps à l'Algérie». En tout état de cause, les choses bougent aux yeux de Karim Tabbou qui estime que «seul le régime algérien ne veut pas bouger». Pour lui, «les choses bougent, la politique, le monde, la géographie bougent. le pouvoir est assiégé et la démocratie est en marche», dénonçant même la propension du pouvoir à utiliser, depuis vingt années, «la question sécuritaire comme un moyen de chantage envers la société mais aussi envers les puissances occidentales». Par ailleurs, M. Tabbou dit refuser de tomber dans les analyses faciles quant aux similitudes des situations en Algérie et dans les pays arabes et africains ayant connu des révoltes. S'il y a des similitudes dans, notamment, les aspirations citoyennes à la liberté, la démocratie et le progrès, le responsable du parti, présidé par Hocine Aït Ahmed, pense également qu'il y a des différences, en citant «le capital expérience acquis par le peuple Algérien ces vingt dernières années». «L'Algérie est le pays le plus mûr pour le changement dans la région, mais, de par son capital expérience, le peuple algérien n'accepte pas n'importe quel changement», dit encore le conférencier, estimant que les algériens n'ont plus confiance en leurs gouvernants mais aussi en tous les politiciens. Et pour reconquérir cette confiance, «nous avons besoin de pédagogie et de travail de sensibilisation et d'organisation en direction du peuple», ajoutera-t-il en guise de conclusion. Devant des centaines de militants et de sympathisants, Karim Tabbou est intervenu en compagnie de MM. Temzi et Bouaziz, respectivement secrétaire national chargé des anciens militants de 1963 et premier secrétaire fédéral de Tizi Ouzou, qui ont également fait des interventions, en plus de trois militants et combattants de 1963 qui ont apporté quelques témoignages sur la rébellion de cette année-là. Avant le meeting, les dirigeants de cette formation politique ainsi que plusieurs militants de base se sont rendus au cimetière M'douha de Tizi Ouzou où ils se sont recueillis devant la stèle érigée en mémoire des martyrs de leur parti.