Les incidents, très graves, sont-ils le prélude à de plus importants dérapages dans les prochains jours ? Dans un point de presse animé hier au siège de sa permanence, le directeur de campagne du président-candidat Bouteflika au niveau d'Aïn-Defla, M.Ziane Hadj Ahmed, qui occupe également le poste de président d'APW, a dénoncé les actes de vandalisme enregistrés subis par des gens acquis aux thèses de Bouteflika. Tout récemment, immédiatement après son installation à la direction de campagne, les menaces et autres intimidations ont commencé. En premier lieu, le conférencier cite l'affaire de la voiture de son frère qui a été incendiée devant sa maison. Le véhicule a été aspergé d'essence. Le feu n'a pas épargné des murs de cette demeure. Le sinistre aurait pu être plus grave, jusqu'à provoquer des décès, n'était l'intervention des éléments de la Protection civile. Il brandit, à l'appui de ses dires, les photos montrant le véhicule entièrement calciné, ainsi que la façade de la maison, copieusement léchée par les flammes. Ce n'est pas tout. Dans la nuit du dimanche au lundi, la permanence du président-candidat à Djendel a été incendiée à son tour. Le matériel informatique, les affiches, les dépliants et les documents qui s'y trouvaient ont tous été détruits. Ces deux attaques, selon des témoignages recoupés, sont le fait d'hommes cagoulés qui donnaient l'air de bien savoir ce qu'ils avaient à faire, mais aussi comment s'éclipser une fois leurs forfaits accomplis. Dans le même temps, le directeur de campagne en personne et deux sénateurs, MM.Cheklal Larbi et Kastali Mohamed ont été insultés et agressés par deux inconnus à bord d'une Renault 5 tout près du campus universitaire. L'incident, soulignent des témoignages concordants, a eu lieu dans le courant de l'après-midi de ce samedi. Il est vrai qu'il ne s'agit pas du premier acte de vandalisme constaté depuis le démarrage de la campagne. Si en Kabylie de nombreux sièges de partis ont été saccagés, les incidents étaient à inscrire au passif de la crise qui secoue cette région depuis 2001 et à la campagne anti-vote que mènent de nombreux citoyens et délégués du mouvement des archs. Il en est de même avec l'incendie du siège du MSP, constaté ce samedi au niveau de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Mais le Rubicon semble avoir été véritablement franchi avec les graves incidents signalés à Aïn-Defla. C'est, en effet, la première fois que des hommes cagoulés se mêlent de la partie. Les observateurs et les citoyens, très préoccupés, s'interrogent «s'il s'agit d'actes commis par des terroristes dans cette wilaya connue pour être toujours sous l'emprise de ce phénomène, ou bien par quelques autres acteurs qui ont tout intérêt à cacher leur identité». Ces incidents, que d'aucuns craignent qu'ils ne soient le prélude à de plus importants et graves dérapages dans les prochains jours, sont intervenus à quatre jours à peine de la visite que doit effectuer Bouteflika dans cette wilaya. Il y est attendu, en effet, ce jeudi, alors que Benflis doit le suivre samedi prochain. Quant à Louisa Hanoune et Abdallah Djaballah, ils doivent animer des meetings au chef-lieu de cette wilaya, respectivement aujourd'hui et demain. Cette flambée de violence, en somme, est intervenue au moment où presque tous les candidats sont focalisés sur Aïn-Defla. Il convient de rappeler, comme le soulignent les sources qui privilégient la piste terroriste, que le premier meeting de Bouteflika, dans la wilaya de Médéa, avait été précédé d'à peine 24 heures par le massacre de 8 citoyens lors du mitraillage d'une ambulance. La campagne, qui avait connu des débuts assez tranquilles, présageant d'une suite semblable, semble en passe de déraper à la faveur de ces incidents itératifs et pour le moins préoccupants.