Virulent, satirique. Voilà deux mots qui qualifient le mieux le dernier album de Bâaziz Y bip Emmo. Un album (contenant six chansons) qui se veut aussi un message destiné au peuple. Y bip emmo, enregistré par la maison d'édition Izem et réalisé en hommage au courage des journalistes algériens. Atika, ma liberté, El Grello, Baba, El Hadjala, toutes inspirées de la conjoncture politico-sociale que traverse le pays actuellement. Bâaziz fustige, vilipende et attaque, sans réserve aucune, la politique qualifiée de «fasciste» du président-candidat envers son peuple en général et les médias en particulier. Préparé sans aucun doute à l'occasion de l'élection présidentielle, dans cet album, le chanteur rebelle de Cherchell fait ses adieux à l'actuel président «Ila lika Ya Atika, ton mandat est fini». Evoquant les terribles épidémies (choléra, peste) et catastrophe naturelle qu'a traversées le pays, pis encore Bâaziz incrimine l'actuel président de ces calamités du fait de son laxisme et dédain à l'égard de son peuple. La crise qui a endeuillé la région de Kabylie est évoquée elle aussi dans son album. «Alors que tout le monde est décédé (allusion aux événements de Kabylie), le peuple, lui, se noie dans son silence, c'est un châab Ayane lâche-t-il. Des noms faisant partie du clan pro- Bouteflika n'ont pas échappé aux critiques acerbes du chanteur telles que Khalida Toumi, HHC et sa TV de l'intox, Fella Ababsa et autres. Ne mâchant pas ses mots, l'enfant rebelle de Cherchell ne se gêne pas de traiter les dirigeants du pays de «minette» où sont les hommes? s'interroge-t-il. Connu pour son anticonformisme à l'égard du régime algérien, ce n'est pas la première fois que Bâaziz s'en prend au «big boss» du pays. Seulement, sans vouloir prendre une quelconque position, l'on doit prendre en considération certaines réalités qui peuvent faire mal, mais qui nous permettent aussi de regarder les choses en face. Relevons toutefois que si l'on doit décortiquer fondamentalement l'album, il y a lieu de mettre en exergue le fait qu'il y a quelques propos, voire messages, qui ne contribuent pas à instaurer la paix. Compréhensible lorsqu'on fait du marketing, mais à quel prix ? A l'évidence c'est facile d'être installé confortablement à l'étranger, «loin des yeux, loin du coeur», et de traiter le peuple de «Châab Ayane (peuple fatigué)», l'on se demande dans ce cas quel pouvoir détient ce peuple face à la sempiternelle effervescence que traverse notre pays, sinon garder son sang-froid. N'oublions pas que des centaines de personnes ont succombé lors de la décennie noire. Loin de vouloir rester dans sa léthargie, l'Algérie n'est pas prête à revivre un autre cauchemar. L'on a besoin de chansons qui font beaucoup plus appel à l'amour et à la paix.