L'enfant terrible de Cherchell se produira les 4 et 5 juin prochain au New Morning à Paris, à l'occasion de la sortie de son nouvel album Café de l'indépendance... Baâziz n'est pas du genre à se faire oublier comme ça. En effet, contestataire dans le sang, chahutant par vocation ou chanteur engagé par mérite, après avoir créé l'événement en animant un concert incendiaire à la Maroquinerie en France, à l'avant-veille de l'élection présidentielle, sorti sur K7 et CD un troisième opus renfermant six titres au vitriol visant Bouteflika et son gouvernement, le revoilà fin prêt à casser la baraque et à se faire entendre et écouter, à forts décibels, de préférence... Baâziz, on le croyait avoir vidé toutes ses tripes et bien non! Le revoilà qui sort en fait son album au complet, celui-ci contenant 13 morceaux dont les six précédents sous le titre plus soft que Y bip emmo, Café de l'indépendance. Chantant à la façon du Maâkous dans la même lignée que Rachid Ksentini, l'enfant terrible de Cherchell ne se départit pas facilement de sa langue «pendue» dans le bon «sens» du terme en criant tout haut ce que d'aucuns chuchotent tout bas. Sa musique joyeuse est un feu de bois qui se veut une lumière sur la vérité triste d'un pays en dérive. Un lever du voile sur un quotidien morose et maccabre. Baâziz, loin de tomber dans l'alarmisme tend à éveiller les consciences par des textes sans ambages, directs, s'adressant à une population qui parle le même langage. C'est parce qu'il est à la fois passionné et dégoûté qu'il chante tout en dénonçant le malaise des Algériens. C'est connu, un artiste pour se faire remarquer, voire pour se faire entendre, doit «défoncer» des portes, provoquer. Lui, il le fait non pour jouer la «star» mais pour revendiquer clairement une situation ou un acte. Alors quand on ne plaît pas forcément aux dirigeants, on le «coupe». C'est cette censure-là justement que Baâziz combat car un pays sous différents points de vue est un pays voué à la dictature. Pourquoi dit-on alors que l'Algérie est un pays démocrate? Le 31décembre 2002 à Paris Bercy, à l'inauguration de l'Année de l'Algérie en France, on se souvient que face à 17.000 personnes, dont un parterre de personnalités et généraux algériens, Baâziz osa réclamer la libération des prisonniers politiques kabyles. Il récidiva à la clôture de cette année algérienne en France au même lieu en chantant sa chanson censurée El Bandia. «Tous des bandits, mais par pourcentage. Si tu es un enfant honnête, tu ne pourras pas vivre. Pour vivre, tu devras devenir un bandit...» alors qu'il s'apprêtait à entamer une seconde chanson, le son lui est coupé... Baâziz est interdit de scène, son dernier album aussitôt mis au marché à Constantine est aussitôt retiré... mais inlassablement, il persiste et signe. Là, il reviendra sur le devant de la scène du New Morning (Paris), les 4 et 5 juin au soir pour présenter son nouvel album et faire partager ses «délices» aux Algériens émigrés ou aux Français en général. Ce «rebeu des bois algériens» leur communiquera dans sa verve acerbe et décapante son message d'espoir et de liberté, de rébellion aussi et de clameur «de toute une jeunesse déçue, sans repères». Après avoir détourné l'Hexagone de Renaud, Baâziz reprend à sa façon Le vent soufflera dans son nouvel album, qui dit dans le refrain «dès que Le Pen décèdera, je repartira, dès que Sarko le voudra, nous nous en allerons». Aujourd'hui, Baâziz vit avec sa femme et ses trois enfants en France. Son grand souhait reste de retourner vivre un jour à Cherchell. Utilisant beaucoup la parodie, la dérision, l'autodérision, Baâziz confie: «Il y a une troisième facette de moi: le romantique, le nostalgique, le poète». Son album ne contient pas, en effet, uniquement que des chansons à grands rythmes mais les ballades chaâbies sont tout aussi surprenantes nous dévoilant ainsi le talent et les ressources inépuisables de Baâziz. A quand Baâziz en concert à Alger?