L'or noir a cédé près de 14 dollars à New York depuis le 6 septembre où il avait atteint son plus haut niveau depuis deux ans. La diversification de l'économie nationale est-elle compromise? A peine les premiers balbutiements de sa mise en chantier prononcés, les prix du pétrole qui doivent soutenir cet objectif ont accusé un net recul. «L'Algérie veut donner une impulsion déterminante à son économie pour (...) la rendre plus performante, moins fragile et moins sensible aux chocs externes», avait souligné le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de l'ouverture des travaux de la 15e tripartite qui s'est tenue le 10 octobre. Cette volonté affichée des pouvoirs publics de sortir de la dépendance au secteur des hydrocarbures est nécessaire. La réalité du terrain est toute autre. L'Algérie n'a pas tiré profit, jusqu'à l'heure actuelle, des niveaux des prix élevés pour sortir de son addiction aux hydrocarbures comme le lui a recommandé le Fonds monétaire international. Le constat est implacable. «La priorité pour les pays exportateurs de pétrole de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) est d'augmenter leur résistance à tout choc de baisse des revenus pétroliers tout en diversifiant leurs économies face à une population active en augmentation rapide» a recommandé, encore une fois, le dernier rapport du FMI sur les perspectives économiques mondiales rendu public le 8 octobre. Une mise en garde qui a précédé de quelques jours seulement une nouvelle dégringolade des prix du pétrole. L'or noir a cédé près de 14 dollars à New York depuis le 6 septembre où il avait atteint 110,53 dollars son plus haut niveau depuis deux ans tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre évoluait au-dessus des 116 dollars. Le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en décembre qui a grappillé 74 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), a clôturé la semaine (le 25 octobre) à 97,85 dollars alors que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance baissait de 6 cents par rapport à la clôture de jeudi pour finir à 106,93 dollars. Soit une perte de 10 dollars par rapport à la séance du 6 septembre. «Une baisse prolongée des prix du pétrole provoquerait l'apparition de déficits budgétaires dans de nombreux pays exportateurs de pétrole de la région», avait prévenu l'institution de Bretton Woods. Un scénario qui se joue depuis le début de la semaine dernière même si le baril de pétrole s'est quelque peu ressaisi à New York. Le fait qu'il se soit enfoncé sous la barre des 100 dollars n'augure rien de bon. La baisse notoire des exportations d'hydrocarbures et le net recul des prix du brut se sont répercutés de façon significative sur celle des recettes en devises. «Cela peut s'interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013», faisait remarquer, le 10 juin 2013, lors d'une conférence de presse le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures», avait prévenu Djamel Benbelkacem, directeur conseiller de cette institution, dans un compte rendu sur l'évolution économique et monétaire en Algérie, présenté le 1er juillet 2012. Des déclarations qui indiquent que le volcan est toujours en activité, ajoutées à des indicateurs économiques qui confirment que le retour à croissance mondiale n'est pas pour demain. Des facteurs que le marché pétrolier ne risque pas de facilement digérer. L'économie nationale qui dépend de ses exportations en hydrocarbures à la quelque 97% se retrouve finalement davantage fragilisée: minée par une facture des importations qui oscillera très probablement autour des 60 milliards de dollars d'ici la fin de l'année. Un peu reluisant record qui replace plus que jamais la question de la mise en oeuvre d'une économie productrice de richesses, hors hydrocarbures, sous les feux de la rampe.