Les recettes hors hydrocarbures peinent à dépasser les 2 milliards de dollars Le pays a besoin d'un baril à 112 dollars pour assurer son équilibre budgétaire. Les cours de l'or noir ont plongé pour clôturer la semaine à moins de 105 dollars à Londres. La sonnette d'alarme est tirée. Le «tsunami» de 2008 est encore dans les esprits. Les prix du pétrole qui avaient atteint au mois de juillet de cette année-là, un record historique en affichant plus de 147 dollars le baril, ont chuté à moins de 34 dollars en décembre de la même année. L'économie nationale dont les recettes en devises dépendent à 98% des exportations en devises a accusé le coup. Et l'on avait même commencé à préparer l'opinion à une période de «vaches maigres». La leçon a-t-elle été retenue? Quel est l'état des lieux aujourd'hui? Hormis le matelas financier de quelque 200 milliards de dollars engrangés depuis, l'économie algérienne est restée à l'identique. Les recettes hors hydrocarbures peinent à dépasser les 2 milliards de dollars. Une misère! Les exportations hors hydrocarbures «restent toujours marginales, avec 2,96% du volume global des exportations (2,18 mds usd), malgré une augmentation de plus de 6% par rapport à 2011», indiquent les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques rendus publics au mois de janvier 2013. «Quant aux importations, elles se sont établies à 46,80 mds usd, contre 47,24 mds usd en 2011...» poursuit le rapport des services des douanes. Cette note salée demeure supérieure de plus de 6 milliards de dollars comparée à celle de 2010. La courbe est ascendante depuis l'année 2008 où elle avait frôlé les 40 milliards de dollars alors qu'elle était de 20 milliards de dollars en 2004. Soit le double en l'espace de 4 ans. La guerre aux frontières, l'affaire Sonatrach, la crise des partis politiques... ont accaparé l'opinion publique jusqu'à lui faire oublier l'essentiel: l'économie du pays étroitement liée aux prix du baril de pétrole. Quoi de neuf en la matière? Les nouvelles sont loin d'être rassurantes. Le baril de Brent pour livraison en mai qui a perdu près de 15 dollars depuis le mois de février a clôturé la semaine à 104,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, soit une baisse de 1,68 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Pas loin de son plus bas niveau depuis le début du mois d'août 2010. «C'est bien pire que tout ce que les économistes prédisaient... le seuil technique des 100 dollars est désormais en vue», a indiqué Joe Conlan, analyste du cabinet Inenco... A New York, le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance cédait, de son côté, 96 cents par rapport à la séance de la veille à 92,30 dollars, se situant aux mêmes niveaux de ceux, il y a une quinzaine de jours. Des chiffres qui servent de baromètre pour mesurer les points forts et les faiblesses de l'économie du pays qui doivent nous donner un aperçu de l'état de santé de ses finances. L'équation est simple. Sa résolution échappe, cependant, à ceux qui en ont la charge. Comme si les Algériens n'ont aucun contrôle sur leur destin. Il dépend du prix du pétrole. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures», avait prévenu Djamel Benbelkacem, directeur conseiller de cette institution, dans un compte rendu sur l'évolution économique et monétaire en Algérie, présenté le 1er juillet 2012. La ligne jaune a été franchie. Il ne reste plus qu'à prier pour que les cours de l'or noir ne s'effondrent pas. Sans autre alternative que celle de scruter le marché pétrolier, le gouvernement ne s'exprimera certainement pas sur ce sujet. Les indicateurs sont au rouge. Tarissement des gisements de gaz et de pétrole, baisse des exportations d'hydrocarbures, inflation galopante, hausse des prix à la consommation... Le salut ne peut venir que de l'affranchissement de la rente pétrolière. Abdelaziz Bouteflika avait souligné l'impérieuse nécessité de la diversification de l'économie nationale, afin d'atténuer «les effets de notre dépendance à l'égard des hydrocarbures et des fluctuations des cours internationaux...»... L'heure des bilans a sonné..