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La toile de fond de notre République
L'EDUCATION À LA CITOYENNETE
Publié dans L'Expression le 29 - 10 - 2013

L'adaptation de l'enseignement aux exigences actuelles et futures de notre société
«... pour toute humanité, enseigner, au fond, c'est s'enseigner; une société qui n'enseigne pas est une société qui ne s'aime pas, qui ne s'estime pas; et tel est précisément le cas de la société moderne» écrivait Charles Péguy en 1904.
Sans avoir nécessairement honte de ce qu'elle est, notre société ne sait plus très bien ce qu'elle doit absolument transmettre, non par manque de conviction chez chacun, mais par défaut de conviction partagée à grande échelle.
À partir de tristes événements ayant eu lieu dans notre pays, je me suis interrogée sur l'esprit citoyen de nos enfants. De ces événements est né mon projet (1): «La citoyenneté comme pédagogie pour pouvoir construire l'esprit citoyen de nos élèves/étudiants et donc le respect et l'amour de la patrie.»
Aucune société ne peut se dispenser de mettre en place un système d'éducation susceptible de préparer l'avenir de la nation. A l'ère de la consécration du village planétaire, l'éducation et la formation sont des facteurs de survie. L'Algérie s'est engagée depuis des décennies dans un long processus de démocratisation et de décentralisation avec de vastes reformes ayant abouti à l'émergence d'une société civile plus active dans les sphères d'activité économique et politique. Néanmoins, il reste beaucoup à faire dans le domaine socio-éducatif. L'éducation civique et patriotique développée depuis la première République a sûrement posé les jalons d'une éducation citoyenne, mais elle est tombée en désuétude depuis bien longtemps. On assiste aujourd'hui à un renversement des valeurs.
En effet, force est de reconnaître que ces dernières années, la citoyenneté est sujette à une crise aiguë. Par cumul de problèmes, l'Ecole ne joue plus le jeu du progrès social depuis des décennies. On assiste donc à la désarticulation d'un système où les nombreuses failles ont permis l'intrusion de la violence. Cette violence qui a envahi notre vie quotidienne a conduit à la déconfiture du tissu social: incivisme, intolérance, et perte de valeurs fondamentales ont pris de l'ampleur.
La vie démocratique perd de plus en plus de sa vitalité à cause de l'indifférence des citoyens vis-à-vis des devoirs civiques comme par exemple, le respect des valeurs éthiques, d'où l'impérieuse nécessité d'instaurer et de développer une culture démocratique au sein même de nos institutions éducatives. Il me semble que l'apprentissage de la citoyenneté constitue la réponse à tous les maux que vit l'Algérie d'aujourd'hui. Vu la rapidité de l'évolution sociale de notre époque, un système éducatif qui ne se situerait pas dans une perspective de changement de comportement deviendrait vite anachronique.
Qu'entendons-nous par la notion de citoyenneté?
Notre société scolaire doit oser s'enseigner sans avoir honte. De nos jours, les savoirs ne suffisent pas. «Enraciner chez nos enfants le sentiment d'appartenance au peuple algérien, les élever dans l'amour de l'Algérie et la fierté de lui appartenir... affermir la conscience à la fois individuelle et collective de l'identité nationale... par la promotion des valeurs (2)» tout cet apprentissage exige plus qu'une éducation civique. Elle exige la connaissance de la société, une éducation à la citoyenneté. Or dans nos programmes scolaires, il y a un trou noir: l'Ecole algérienne n'éduque pas à la citoyenneté.
La citoyenneté est un concept qui remonte à l'antiquité gréco-romaine. Elle est une quête perpétuelle consciente de justice sociale et de perspective politique collective. Elle se veut, non pas une simple adhésion à une idée politique ou à ses tenants, mais plutôt une participation active au processus de construction de celle-ci. Mais la notion de citoyenneté ne peut être réduite à une liste de droits et de devoirs constitutionnels, comme le font souvent les libéraux, ni au fait de partager une identité nationale comme le pensent les nationalistes. Abordons la citoyenneté davantage sous l'angle sociologique et nous la définirons comme étant «la capacité de vivre ensemble dans une société démocratique: pluraliste et ouverte sur le monde, mais aussi comme la capacité de construire ensemble une société juste et équitable».
La citoyenneté va de pair avec un enracinement dans une collectivité. Dans cette optique, qui est celle d'auteurs comme Rousseau et Hegel, par exemple, être citoyen, ce n'est pas simplement coexister pacifiquement avec d'autres sans les opprimer ni les léser, ou même en manifestant à leur égard une solidarité. La citoyenneté désigne une adhésion à une collectivité dont on décide de partager les valeurs. Elle implique la primauté de l'intérêt commun sur l'intérêt particulier. C'est par conséquent se sentir concerné par tout ce qui touche à la communauté entière. Cette obligation implique que je m'interroge sur les moyens et les stratégies qui permettraient d'opérer cette adhésion sans exercer violence ou manipulation sur l'autre, c'est-à-dire en respectant sa liberté. La citoyenneté, entendue ainsi, suppose que je m'intéresse à autrui en tant qu'être humain puis en tant que compatriote. Vue sous cet angle, l'éducation à la citoyenneté consiste donc à cultiver chez chacun et chez tous, les conditions de vivre en harmonie avec les autres. Et une société où règne l'harmonie est une société qui a des valeurs. En effet, outre un statut juridique et des rôles sociaux, la citoyenneté se définit aussi par certaines valeurs telles que:
1.La civilité, une attitude de respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus grande harmonie dans la société.
2.Le civisme. Si le terme «civique» signifiait simplement, avant 1781, «relatif au citoyen,» il a changé ensuite de sens et veut dire «propre au bon citoyen». Il «est la marque d'une appartenance à une même collectivité, au service d'une même nation ou des mêmes idéaux» (Les états généraux du civisme, Sorbonne 1986). Le civisme, c'est le respect et le dévouement à l'égard de la «chose publique». Et le dévouement à la chose publique ne peut qu'être que le dévouement à la République. Il est aussi important de noter que le civisme n'engage pas seulement une relation verticale du citoyen à l'égard des puissances publiques, mais aussi une relation horizontale entre les citoyens. Les deux rapports s'impliquent réciproquement. Le civisme réaffirme l'importance de la dimension humaine. Il incite à se gouverner de façon éthique et implique le savoir, «vivre ensemble» pour une meilleure sociabilité. Enfin, le civisme est un acteur de la démocratie ainsi que des différentes dimensions données aux libertés et aux droits des citoyens.
3.Enfin, le troisième élément traditionnellement attaché à la citoyenneté est la solidarité. Ayant fait une esquisse de la conception républicaine de la citoyenneté, voyons maintenant quels seraient les bienfaits d'une éducation à la citoyenneté en Algérie.
Quels sont les intérêts d'une éducation à la citoyenneté?
Si on convient que l'école doit servir de levier à l'émergence d'une société démocratique, reste la question du «comment construire cette démocratie?» La loi d'orientation sur l'Education nationale algérienne promulguée le 23 janvier 2008 vise dans ses principaux textes à «la formation de jeunes générations à l'esprit citoyen» et «à tout ce qu'il sous-tend comme valeurs et attitudes d'ouverture, de tolérance et de responsabilité». Cependant, deux types de phénomènes posent actuellement des défis majeurs à notre société. Le premier est le désintérêt pour la chose publique qui se manifeste, entre autres, par une perte de confiance envers l'Etat et les institutions politiques de représentation. Ce qui a des retombées directes sur la qualité de la participation sociale des individus et de la coopération au niveau local et régional. Le second est le problème des inégalités sociales et économiques, principaux facteurs de la fracture sociale, et qui menacent la cohésion sociale plus fortement que les fragmentations culturelle et ethnique. Autour de ces constats se dessinent certains enjeux qui interpellent l'école dans sa mission.
Pour que s'instaure une véritable culture démocratique stable, pour promouvoir les droits humains dans notre pays, il faut nécessairement promouvoir l'éducation et la formation du citoyen. L'éducation à la citoyenneté s'inscrit dans l'optique de préparation du citoyen pour sa participation responsable à la vie démocratique. Elle est un processus d'éducation qui intègre les valeurs universelles de démocratie dans un ensemble humain pour un développement durable. Elle est ce «contrat social» pour lequel le citoyen s'engage à vivre dans sa «cité» en harmonie parfaite avec ses concitoyens. Et c'est sur les valeurs que se fondent les politiques éducatives d'une société. L'enseignement de valeurs, telles que la justice, la liberté et la solidarité, devrait alors présider aux orientations du système éducatif.
Une telle éducation viserait aussi à briser le terreau de l'intolérance. Elle aiderait à développer des attitudes et des comportements respectueux de la différence, dans un esprit d'ouverture et de partage.
L'éducation à la citoyenneté couvre d'autres aspects de l'être social. Le programme d'éducation à la citoyenneté ne devrait pas se limiter aux seules questions de droits et devoirs du citoyen, aux seuls principes et règles de la démocratie, encore moins à la seule ambition de la culture de la paix. L'éducation à la citoyenneté est une préparation au patriotisme et c'est là le vrai but recherché en Algérie. Si l'école éduque à la citoyenneté par la pratique, cette pratique ne peut rester confinée à quelques moments de régulation, tels que la levée du drapeau, que bon nombre d'élèves trouvent ennuyeuse car ils ne connaissent ni le but ni la valeur de cet acte. Un citoyen patriote est bâtisseur d'une société démocratique. Il est un acteur du développement de sa société. Bref, il y a lieu de l'inscrire dans une optique de constructions/reconstruction pour un lendemain meilleur.
Parce que l'idée de la citoyenneté est d'essence pédagogique, parce que le rapport entre les citoyens est d'abord pédagogique avant d'être (aussi) politique et juridique, la citoyenneté doit faire partie des programmes enseignés dans nos écoles. Elle est fondamentale. Elle se doit donc d'être une approche qui vise à la fois des objectifs de renforcement de la société civile dans sa capacité de s'autoréguler et de se prendre en main, et des objectifs de transformation sociale. Elle serait donc un important moyen de construction de l'individu à travers un certain nombre d'outils. Elle devrait faire partie intégrante des missions de l'école, pour préparer les citoyens de demain, mais également pour que chaque membre de la communauté scolaire puisse travailler dans la sécurité que donnent le respect spontané d'interdits et la confiance mutuelle.
Comment organiser l'école comme une cité démocratique?
Une telle organisation exige une forme d'ingénierie sociale, pédagogique et didactique pour que l'expérience quotidienne soit à la fois favorable à l'apprentissage de la citoyenneté par la pratique et compatible avec les autres tâches de l'école. Parce que la citoyenneté organise une société, elle repose sur l'idée de l'égale dignité de tous les êtres humains. Pour qu'un établissement devienne une «cité» démocratique, cela exige une présence et une participation plus soutenue de tous les acteurs. En effet, l'apprentissage de la citoyenneté ne doit pas être délégué à quelques spécialistes des sciences sociales ou de l'éducation civique, il est l'affaire de tous: enseignants, dirigeants et enseignés. L'édification d'un milieu de vie propice à l'apprentissage et à l'exercice d'une citoyenneté est tributaire d'un engagement et d'une volonté affirmée des décideurs institutionnels envers ce projet. L'enseignant de par son rôle de «gardien» de la transmission des valeurs de la République, participe au service public d'éducation qui s'attache à transmettre ces valeurs. Une évolution dans ce sens exigerait des enseignants de nouvelles compétences, mais surtout, en amont, une nouvelle identité professionnelle, un engagement différent dans leur métier et leur établissement, un autre rapport au savoir et aux élèves. Pour cela, le perfectionnement des enseignants est une condition majeure de la réussite du projet d'éducation à la citoyenneté.
Rappelons que l'Algérie de par sa religion est un pays où l'éducation à la citoyenneté bénéficie d'un terrain favorable à son épanouissement. De plus, toutes les Constitutions du pays, de l'indépendance à nos jours, cimentent les relations sociales et mettent l'humain au centre des préoccupations de la société. L'adaptation de l'enseignement aux exigences actuelles et futures de notre société, à travers une révision de la structure et du contenu des programmes, doit être donc une préoccupation majeure du système éducatif algérien. Sur le plan de l'ancrage de la démocratie en Algérie, l'éducation à la citoyenneté serait une dynamique porteuse. Du point de vue de l'acquisition des valeurs citoyennes, elle serait un baromètre qui nous aiderait à jauger le niveau de préparation du citoyen et les conditions d'émergence d'acteurs compétents de ce vaste système qu'est la démocratie.
1. Ce projet est cité dans mon livre sur l'Algérie, qui est en cours de réalisation.
2. Voir Principes et objectifs généraux de l'éducation en Algérie, dans le Données mondiales de l'éducation de l'Unesco,' 7eme édition 2010/11, version révisée de mai 2012.


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