Un citoyen marocain monte sur le toit du consulat et arrache le drapeau algérien Même du temps de la crise houleuse entre l'Egypte et l'Algérie, l'ambassade d'Algérie au Caire, qui était pourtant assiégée durant plusieurs jours par plusieurs milliers de manifestants, n'a pas été attaquée avec une telle violence. Les choses vont très mal entre Rabat et Alger. Après une campagne médiatique acharnée contre l'Algérie, le rappel de son ambassadeur (qui est considéré dans la diplomatie comme la première étape avant la rupture des relations diplomatiques), les choses ont pris des proportions plus que jamais dangereuses, quand des manifestants se sont attaqués hier matin au consulat d'Algérie à Casablanca, pénétrant dans la résidence diplomatique et arrachant le drapeau algérien. L'information qui a été donnée par la chaîne Ennahar TV, a été confirmée par une vidéo filmée par les manifestants marocains, postée immédiatement sur YouTube et qui montre un citoyen marocain escalader l'enceinte de la mission diplomatique, monter sur le toit du consulat et arracher avec une rare violence le drapeau algérien. Cet incident est d'autant plus grave qu'il a été commis le 1er Novembre, une date très importante pour les Algériens et qui symbolise le déclenchement de la Révolution algérienne... contre l'occupant français. Ce dépassement aura des conséquences graves sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Même du temps de la crise houleuse entre l'Egypte et l'Algérie, l'ambassade d'Algérie au Caire, qui était pourtant assiégée durant plusieurs jours par plusieurs milliers de manifestants n'a pas été attaquée avec une telle violence. Après «la guerre froide» qui anime les relations politiques et médiatiques entre les deux pays, cet incident pourrait avoir des répercussions graves sur les relations «normales» pour le reste des secteurs, notamment dans le volet, commercial, culturel et sportif. Avant-hier déjà, les relations diplomatiques entre les deux pays avaient pris dès lors une mauvaise tournure, quand le Maroc rappela pour consultation son ambassadeur à Alger. L'Algérie avait réagi «diplomatiquement» en prenant note avec «regret» de la décision «injustifiée» du gouvernement marocain, indiquant que cette décision injustifiée constitue une escalade malencontreuse qui s'appuie sur des motifs fallacieux et attentatoires à la souveraineté de l'Algérie, dont les positions de principe sur les questions régionales et internationales ne sont susceptibles d'aucune remise en cause sous l'effet d'interférences étrangères. Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères indique que la position de principe de l'Algérie sur le nécessaire parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental n'a jamais varié et le discours prononcé à Abuja par le ministre de la Justice, ne fait que rappeler la constance de cette position, qui est non seulement connue mais largement soutenue par l'Union africaine, le Parlement européen, ainsi que par de nombreux autres acteurs internationaux. «La campagne ininterrompue de dénigrement de l'Algérie, menée avec acharnement par une partie de la classe politique marocaine, relayée et amplifiée par les médias publics de ce pays, est contraire aux relations de fraternité, de coopération et de bon voisinage entre les deux pays», a indiqué la même source. Cette campagne «préméditée et cette escalade procèdent manifestement de la pratique connue visant à la bilatéralisation d'une question qui relève de la responsabilité des Nations unies», a-t-on affirmé. «L'Algérie, en ce qui la concerne, maintient en place l'ensemble de ses missions diplomatiques et consulaires dans le Royaume du Maroc, ainsi que les chefs desdites missions qui poursuivent normalement leurs activités. Elle forme le ferme espoir que cet épisode malheureux dans le cours des relations algéro-macoraines pourra être contenu dans sa juste dimension et être rapidement dépassé», a conclu le communiqué des Affaires étrangères. Selon la même source, «les représentations diplomatiques et consulaires du royaume en Algérie continueront à fonctionner sous l'autorité d'un chargé d'affaires». C'est sans doute cette réponse très forte du département du ministre Ramtane Lamamra, qui a fait perdre le sang-froid au roi du Maroc et qui a poussé une horde de manifestants à s'attaquer à la mission diplomatique algérienne à Casablanca. Une dérive de trop du Royaume chérifien, qui va à l'encontre des relations de bon voisinage et de fraternité entre les deux pays et peuples frères. Cette escalade dans les relations entre les deux pays a été alimentée par l'agence marocaine MAP, (voix médiatique du Royaume) qui avait attaqué l'Algérie, l'accusant de chercher à «servir ses desseins hégémoniques dans la région», entraînant à son tour une vive réaction rapide et efficace du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. En réalité, depuis la nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères algérien, le Maroc est inquiet des actions internationales de ce diplomate expérimenté, qui possède une très bonne réputation en Afrique et dans le reste du monde. Après l'incident de Casa, l'image du Maroc, sera une nouvelle fois écorchée par ses maladresses diplomatiques et ses bourdes politiques, confortant encore plus la position de l'Algérie dans les dossiers qui touchent la région.