La ville des Genêts a ouvert ses bras au leader du RCD en lui réservant un accueil triomphal. Toutes les appréhensions nées autour de cette périlleuse halte électorale se sont vite dissipées devant l'engouement de la rue tizi-ouzéenne pour le candidat démocrate. Ainsi, sur fond de défi qui ne dit pas son nom, Saïd Sadi s'est même offert un bain de foule tout au long de la marche improvisée après le meeting, qui l'a conduit du stade Oukil-Ramdane au rond-point central en passant par l'avenue Houari-Boumediène et la rue Mohand-Saïd Ouzeffoun. Une marche qui se voulait imposante aux cris «Yella l'vote yella» et «Sadi président». C'est dire que contrairement à la venue tumultueuse du président-sortant, aucun incident n'a émaillé cette escale tant redoutée et l'affrontement arch-RCD éludé. Hier, Saïd Sadi est arrivé avec près d'une heure de retard au stade Oukil-Ramdane. Une foule nombreuse, chauffée à blanc par Mouloud Lounaouci, qui esquissa un bref rappel du combat de Sadi, scandait fiévreusement «Assa Azeka Sadi yella yella» et «Hier Berrouaghia et demain El Mouradia». Sadi montera sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. «Vous me connaissez et vous connaissez mon combat», lança-t-il d'emblée à l'assistance. «Grâce à vous, nous allons en finir avec les pratiques du passé. Le 8 avril, nous déterrerons le message de Abane», a-t-il ajouté. Enthousiasmé par l'écho et le répondant de la foule, Sadi rendra même hommage à ses «frères-ennemis» pour leur combat pour la Kabylie. Très vite, le candidat changera de ton en parlant des archs. «Aujourd'hui, le mur de la peur s'est brisé. Les partisans du chaos n'ont plus leur place en Kabylie. Les délégués qui se sont fourvoyés en chemin, s'ils veulent la rédemption, ils sont les bienvenus. Mais nous n'accepterons pas que des citoyens soient rackettés à Tizi-Ouzou par des individus qui se réclament du combat citoyen», tonnera Sadi avant d'ajouter «les authentiques délégués, les blessés, ceux qui ont chassé Bouteflika de la Kabylie», sont avec lui. Offensif, le numéro un du RCD s'attellera par la suite à faire le procès de Bouteflika. «En venant à Tizi Ouzou sans demander pardon, il a piétiné une nouvelle fois la mémoire des 125 martyrs», a-t-il indiqué. «Je le défie de venir défendre son bilan sur un plateau de télévision, mais je sais qu'il ne viendra pas», a continué Sadi. «Le seul record dont il peut être fier c'est celui d'organiser la campagne électorale la plus chère d'Afrique», a indiqué le candidat du RCD. «La politique intérieure est catastrophique, les caisses de l'Etat sont pleines alors que la paupérisation avance au pas de charge et la concorde civile a fait le lit du redéploiement des groupes terroristes», a stigmatisé Sadi qui ne ménagera pas aussi l'administration et «certain walis qui se comportent en shérifs à l'image de celui d'El Oued qui oblige les écoles à enseigner la pensée politique de Bouteflika !» Pour conclure, Saïd Sadi a appelé les Kabyles à voter massivement car «l'heure du changement est arrivée». «L'intégrisme est vaincu, le problème aujourd'hui, c'est le régime, donc pas de vote utile mais un vote citoyen», a-t-il martelé. Cet appel fait écho à celui lançait la veille à Sétif lors du meeting animé à la Maison de culture Houari-Boumediene où Sadi a affirmé la nécessité «de méditer sur la situation à laquelle a abouti le pays et sur le devoir de tout citoyen le jour du scrutin» ajoutant que cette échéance «peut constituer une occasion pour le pays d'entrer dans une nouvelle ère de changement politique que le peuple algérien attend depuis 1962». S'agissant de l'officialisation de tamazight comme langue nationale, Sadi a précisé que «ceci ne pose aucun problème et qu'il est temps de concrétiser cette démarche». Il a préconisé dans ce cadre des solutions inspirées des expériences de certains pays, soulignant que cela exige «une volonté et un courage politiques». A Bordj Bou-Arréridj, Sadi a réitéré son appel à la vigilance le jour du scrutin. «L'avenir de millions de jeunes doit se dessiner pendant cette journée historique durant laquelle il faut se rendre en masse aux urnes pour concrétiser par le vote la révolution politique et sociale en Algérie», a-t-il déclaré. Tandis qu'à M'Sila, Sadi a souligné que l'élection présidentielle est une occasion «unique pour opérer un changement pour une démocratie réelle». «Ce changement doit inclure, outre les volets politique et social, un pluralisme syndical à même de sortir le monde du travail de l'action unilatérale et de la prise de décision au nom des travailleurs», a-t-il estimé au cours d'un meeting électoral.