Redoutée, la halte électorale tizi-ouzéenne a fini par enchanter les candidats. En effet, la ville des Genêts, qui a bel et bien reçu Bouteflika quoi qu'on en dise, a fait un triomphe à Sadi et Benflis et a surpris Louisa Hanoune et Djaballah. C'est dire que les appréhensions nées à la veille de la campagne électorale ont été vite battues en brèche par la volonté de l'opinion kabyle à réhabiliter la chose politique dans le sens classique du terme. Ainsi, la frilosité constatée ces derniers temps à l'égard du discours radical des archs est un signe du retour du naturel dans l'espace public kabyle après trois années de désert politique. Hier donc, le meeting de Ali Benflis, qui a drainé une foule importante, s'est déroulé dans une ambiance festive et en parfaite communion avec ses partisans. Dimanche, le cheikh Djaballah, très détendu, a probablement effectué l'une de ses escales les plus convaincantes. Idem pour Louisa Hanoune qui, en dépit de quelques tentatives de perturbation, a parfaitement négocié son escale kabyle. Quant à Sadi, sa sortie kabyle a littéralement dopé sa campagne sans saillie. Ainsi, contrairement aux législatives et aux municipales qui se sont déroulées dans une tension extrême, cette présidentielle suscite un réel engouement de la part de l'électorat kabyle. C'est dire que le black-out tant voulu par les archs a été déverrouillé par la résurgence du politique au détriment du populiste. C'est dire également que la population kabyle aspire à une solution rationnelle à sa crise. A ce titre, la campagne antivote annoncée à cor et à cri par les archs est passée en sourdine et dans l'indifférence. Cependant, les archs à J-2 du scrutin et affolés par ce reflux de mobilisation, envisagent de recourir à leur méthode extrême pour faire capoter l'élection. Ainsi, les coordinations restées fidèles à Belaïd Abrika entrevoient à présent de recourir à l'empêchement physique du vote. Un recours qui ne manquera pas de braquer une nouvelle fois les projecteurs sur la Kabylie, même si cette fois-ci, tout porte à croire que l'effritement et la désaffection de la base pourront jouer des tours aux archs.