Un agent de la mairie a levé la main sur un agent de police. C'est un délit salement puni. Un agent de l'APC de Bou Ismaïl (Tipaza) comparaît face à Baric pour outrage et violences à l'aide d'une arme blanche à l'encontre de Imed L. un agent de la Dgsn. Le certificat médical de quinze jours à la suite de coups de lame portés sur la main gauche du policier va encore compliquer le statut de l'inculpé détenu qui avait pourtant regretté son acte qualifié de «fou» par les proches. Malek Drissi, le procureur, suit les débats tout en signant des documents de routine émanant du guichet unique. Mais il garde une oreille tendue... Le détenu tente, non pas de justifier son acte désespéré, mais plutôt de trouver une parade. Hadj Rabah Baric, le président s'écrie: «Vous me dites sans appréhension que le policier Imed a commis envers vous un acte condamnable. Vous vous deviez de vous plaindre et non pas vous faire justice. Pourquoi tant de violences? Je voulais fuir aux policiers. Imed s'est interposé. Il a reçu un mauvais coup car je n'ai jamais eu l'intention d'agresser qui que ce soit, encore moins un flic» pleure le détenu visiblement paniquant... Drissi, le sérieux parquetier réclame une peine d'emprisonnement ferme de cinq ans pour agression à l'aide d'une arme blanche à l'encontre d'un policier dans l'exercice de ses fonctions: rien que cela, gus? Nullement compléxé par les demandes du représentant du ministère public, Maître Azzedine Gasmi éloigne de suite la préméditation ou même le guet-apens. Il a vu rouge à la suite du mauvais comportement des policiers dont beaucoup font parler d'eux ces derniers temps et même depuis longtemps. Il trouve sévère la demande du parquet qui aurait dû retenir les circonstances atténuantes tout comme ce dimanche, le tribunal peut largement le faire. Et bien le faire. Quant à la victime, on ne saurait taire les demandes en dommages et intérêts: Il n'a pas eu froid aux yeux pour réclamer une énorme somme qui a fait surgir des palais un «Oh» de stupéfaction beaucoup plus que de surprise routinière, celle-là même qui se dégage des salles d'audience quotidiennement. Le fait est que l'agent communal a agressé le flic. Et agresser un flic, est en quelque sorte un délit qui entre dans la «case» de l'aggravation de la peine. Il s'agit d'une agression contre l'uniforme i-e l'Etat, son autorité, en trois mots «son bras armé». D'ailleurs, il n'y avait qu'à bien voir la bobine que faisait l'inculpé dont le statut de détenu l'a rendu petit, petit à l'infini. Et dans ce genre d'affaires, Hadj Rabah Baric le juge ne sourit jamais. Il est souvent «neutre» dans son regard et ses nombreuses questions, mais il l'est moins dans ses décision, toutes prises en fin d'audience préférant ne pas s'encombrer de dossiers lourds. Et si Maître Gasmi, l'avocat de Bou Ismaïl était allé jusqu'à soulever des circonstances atténuantes, c'est qu'il avait retenu que Drissi le représentant du ministère public lui a choisi les autres circonstances. Les aggravantes! «Cet inculpé doit savoir que force reste à la loi!» dit-il, c'est pourquoi, au crépuscule de ce dimanche d'automne, lorsque Baric s'était retiré dans l'arrière-salle d'audience examiner ce dossier, le détenu avait perdu la grima ce qui ne l'a pas quittée durant les longues minutes des débats. Le président ne restera pas longtemps seul. Il reviendra avec plusieurs décisions dont celle concernant l'agent de la mairie qui écope d'une peine d'emprisonnement ferme de six mois, juste de quoi le dissuader, qu'à l'avenir, il devra se faire au respect de l'autre, même si l'autre est un fonctionnaire de l'Etat, un Etat né en juillet 1962, le 5, après avoir coulé dans les profondeurs du colonialisme, des soldats barbares et une administration et une «justice» qui ne pouvaient appeler les Algériens «citoyens» mais indigènes! Rien que pour avoir repris la citoyenneté, l'Algérien est tenu de se tenir sérieux qu'il ne le fait quotidiennement, oubliant Novembre 1954.