Hadj Barik, le juge de Koléa, a failli faire de l´humour lorsque l´avocate de Hamza a décliné ses noms et prénoms: Maître Hind Hamidi. Tout un programme. Nous sommes en plein mois d´automne 2008, l´hiver avance. Les nuits noires aussi. A Bou Ismaïl, un citoyen roule. Tour à coup, il ressent un coup à l´arrière du véhicule. Il freine et descend. Deux gus mochement accompagnés du «seigneur Bacchus» s´avancent, l´air méchant et provocateur. «T´as une sèche?» balance le premier qui va sortir des mots pas gentils. Le citoyen se rend compte, même si c´est un balèze, qu´à cette heure-ci, il risque gros. Il les envoie balader, innocemment, n´imaginant pas ce qui va lui arriver surtout qu´il venait de sentir l´odeur d´alcool, un taux qui explique cette fâcheuse situation. Prenant son courage à deux mains, la victime tente un coup de bluff. Rien à faire. Les mots orduriers sortent de la bouche des agresseurs d´occasion. Près de sept minutes s´écoulent sans que les deux gus ne s´en aillent. C´est alors que le ton monta. Des insultes fusèrent. Des deux côtés S.V.P, selon l´inculpé: «C´est faux! rétorque la victime. Il s´est adressé à moi en des termes affreux. Il est descendu et m´a balancé un coup de tête.» Son copain ne l´a pas aidé dans les coups mais il a quand même marché, menacé, dans la tentative de vol du portable et du portefeuille. Hadj Rabah Barik, le président du pénal qui n´aime pas les hagarine charbine-fous à lier, ne va pas être tendre avec le seul inculpé présent à la barre, l´autre demeurant en fuite, ce qui va compliquer les choses. Il est presque en colère, or un juge n´a pas à être en colère, jamais, dans tous les cas...«Pourquoi l´avoir agressé? Pourquoi d´abord vous vous êtes adressé à lui à vingt-deux heures en automne? Pourquoi lui avoir intimé l´ordre de vous remettre le portable, la cigarette et le portefeuille? C´est son affaire s´il n´a pas voulu vous répondre», tonne le juge qui a pris acte de la déclaration de la victime, laquelle avait certifié qu´elle avait remis les clés de la voiture pour y prendre le phone resté introuvable. Boudali, le témoin prête serment et dépose à la barre. C´est un agent de sécurité. Il l´apprend au juge qui le «délie» de son serment. Le témoin donc assure que lui aussi avait été agressé la même nuit. Plus que décidé, le témoin désigne l´inculpé présent dans la salle comme étant son agresseur. «Pourtant, durant l´enquête, vous aviez désigné celui en fuite», veut rectifier le juge. Le témoin maintient ses dires. Il est alors remercié par le président. La victime ne demandera que le dinar symbolique. Samir Hamel, le procureur requiert une peine de prison ferme de trois ans. Maître Hind Hamidi, plaide tout ce qui peut éloigner les terribles demandes du parquetier. Pour la tentative de vol, l´avocate prend à témoin les propres déclarations de la victime qui avait chargé l´inculpé en fuite. «Mon client était trop ivre pour tenter un délit d´une telle gravité», a articulé le conseil qui a mis en avant l´absence de témoins solides, fiables et sérieux. Pour les coups et blessures, le seul auteur aura été le fuyard. «Pas mon client, Hamza», dit...Hind. L´auteur du coup avait vite fait de prendre la fuite, conscient de la gravité de l´acte. Elle réclame donc la relaxe pour son client. Pour le second plaideur, Maître Azzedine Gasmi a demandé à éloigner le témoignage de l´agent de sécurité qui a déshonoré le corps qui l´emploie car il a menti à deux reprises. Durant l´enquête et ici devant le tribunal. «Vous avez devant vous un jeune égaré qui mérite de larges circonstances atténuantes car ce n´est pas un crime que de demander une cigarette et de créer un trouble. Et je vous rappelle que les deux auteurs de ces méfaits n´étaient pas armés d´arme blanche, ce qui est en soi une circonstance atténuante», a récité l´avocat rouquin qui a demandé à Barik rien que l´amende ferme, ce qui est largement suffisant. Pour le dernier mot, l´inculpé demande la...relaxe! Quel culot! avec un casier chargé, chargé...le verdict prononcé en fin d´audience sera une peine de prison ferme de trois ans pour les deux lascars qui ont été reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés. La jeune avocate, maître Hamidi a vite saisi la sévérité du tribunal qui a pris sa décision sur la base de la dizaine de délits commis par les inculpés, pour avancer dans la profession en raisonnement sans parti pris aucun. L´appel à Blida servira-t-il à quelque chose? Allez savoir...