Les plus beaux duels à la barre opposent souvent un magistral juge du siège et un avocat accrocheur... Maître Fodil Benaki, l'avocat de Fatiha H., poursuivie sur la base de l'article 374 du Code pénal - escroquerie - était optimiste en entrant dans la salle d'audience du tribunal de Koléa (cour de Blida) pour tenter de tirer la pauvre bougre de la taule. Et la pauvre bougre aux yeux de l'avocat blond est issue d'une secte du maraboutisme. Et lorsqu'il décide de défendre la bonne cause, il devient un jusqu'au-boutiste imprégné d'une certitude à tout emporter sur son passage. Hadj Rabah Baric, le président de la section détenus, savait à qui il avait affaire mais ligoté par la réserve vis-à-vis de l'inculpation retenue par le parquet, il ne voulait pas marcher avec le raisonnement des avocats qui refusent que les «complices» deviennent victimes! Pour le juge du siège qu'il est, Baric s'en tient aux dossiers, même si parfois, il lui arrive de dégoter un vice de forme qui le jette dans le bassin où la relaxe attend, légitime, méritée et faite sans concession avec le secret espoir de «tirer les oreilles» à celui qui du juge d'instruction ou du représentant du ministère public, avait osé signer le mandat de dépôt. Maître Benaki, ce déjà grand-père, n'aime pas ces dramatiques situations où souvent, il doit expliquer l'inexplicable, dénoncer des situations cocasses ou encore pire, échouer dans sa tentative de faire entendre raison à un juge du siège «caporal» du parquet, un parquet où en 2012, il ne fonctionne qu'avec le millimétrage des métronomes robotisés à souhait. Et cette histoire de la dame inculpée de sorcellerie donc d'escroquerie est... envoûtante (excusez le pléonasme voulu dans cet espace afin que les naïfs ouvrent l'oeil et le bon). Dans cette optique, Maître Fodil Benaki savait qu'il n'avait que le verbe pour sauver les meubles des flammes d'une lourde condamnation. Et ce n'est pas un magistrat du genre de celui du dimanche de Koléa (cour de Blida) ou encore moins Malek Drissi, le jeune procureur fidèle lieutenant d'un Abdenour Gaci toujours à la page pour ce qui est de la marche de «son» tribunal, qui vont s'amuser à jouer avec la liberté des gens. Et la dame inculpée d'escroquerie avait là aussi un pot du tonnerre en étant défendue par le rouquin avocat, Maître Benaki, qui s'était évertué à expliquer la personnalité de l'inculpée «qui ne mérite pas, s'écriera-t-il au passage d'une perspicace plaidoirie, d'être enfermée plus longtemps pour... des... bribes», plaisante presque le défenseur qui saura survoler le délit en rappelant à Hadj Baric, attentif mais très vigilant, que des milliers d'authentiques escrocs sillonnent les artères jours et nuits sans être inquiétés... «C'est parce qu'ils n'ont pas encore été pris!» coupe le président, juste pour l'honnêteté intellectuelle des débats sereins mais sérieux. Et le conseil de Koléa de terminer en beauté en avouant être incapable de réclamer la relaxe. «Oui, monsieur le président, nous ne réclamerons pas la relaxe ni les trois ans ferme requis par l'honorable parquetier. Non, nous voulons que justice soit rendue et bien rendue. Une peine lourde mais assortie par un petit sursis», fera réfléchir Mokhtaria W., cette dame qui a eu le temps de bien réfléchir en taule aux malheurs créés par la détention préventive». Hadj Baric, le président, prend acte du dernier mot de la détenue qui n'a pas hésité à demander la relaxe et décide, à l'issue de l'audience de condamner Mokhtaria W. à une peine d'emprisonnement de un mois ferme. C'était bien payé, Maître.