La réaction du nombreux public ne s'est pas fait attendre : «CSC mon amour, Bouteflika pour toujours», scandait la foule en délire. Bouteflika a fait le plein. Ils étaient près de 30.000 personnes à avoir assisté au meeting qu'il a animé, hier, au stade Ben Abdelmalek de Constantine. Dans un discours à travers lequel nous avons décelé une note d'amertume, il a répété trois fois à l'assistance qu'il était peut-être venu pour un adieu. La réaction du nombreux public ne s'est pas fait attendre : «CSC mon amour, Bouteflika pour toujours», scandait la foule en délire. Sur le plan émotionnel, Bouteflika venait de marquer un point. Et puis, il faut noter aussi chez lui, cette façon de prendre du recul constitue un message à tous ceux qui sèment le doute sur la régularité du scrutin. Sur le plan politique, il a su tirer son épingle du jeu, en appelant les choses par leur nom. Il a ainsi parlé de la guerre civile qui a failli jeter l'Algérie dans les oubliettes des nations insignifiantes. Il a par la suite, abordé le thème de la concorde civile qui constitue pour lui un motif de fierté, qu'il est nécessaire de préserver et d'approfondir en une réconciliation nationale. Un projet et une politique qui semblent lui tenir à coeur dans la mesure où il s'est engagé solennellement à être le dernier (président) à neutraliser définitivement le terrorisme. Qu'a-t-il voulu signifier à travers cet engagement? Qu'après lui rien ne sera comme avant? A-t-il voulu dire que la situation est fort complexe et que le retour progressif à la paix civile risque d'être sapé? C'est bien possible, puisqu'il n'a pas hésité à mettre en garde contre les dérapages qui exposeront l'Algérie au même sort que l'Irak. Pour la première fois, depuis qu'il est président, Bouteflika aborde d'une manière claire les dangers extérieurs qui menacent l'Algérie. «Des cercles étrangers qu'il a traités d'ennemis de l'Algérie travaillent d'arrache-pied pour faire du pays un nouvel Irak», a-t-il déclaré. Toujours égal à lui-même, il a évité soigneusement de parler des autres candidats, préférant exprimer son rejet d'une démocratie où tout le monde insulte tout le monde. D'après lui, les islamistes sont aussi des enfants de ce pays et qu'il est primordial de les considérer en tant que tels, dans le respect de la loi. Concernant la laïcité, il s'est longuement interrogé sur les manoeuvres qui ont transformé cette revendication en fonds de commerce, et rien de plus. Pour lui, ce problème n'a pas encore été posé de façon désintéressée. Idem pour la démocratie et la langue amazighe, la liberté d'expression et l'islamisme, qui sont, pour lui, autant de fonds de commerce instrumentalisés, dans certains cas, pour porter préjudice à l'Algérie. «Tamazight, a-t-il dit, c'est le peuple qui décidera souverainement par rapport à cette revendication.» Bouteflika, dont c'est la neuvième visite qu'il réserve à Constantine depuis son investiture, semble avoir remarquablement saisi le poids politique de cette ville qui, malgré les vicissitudes du temps, a réussi à garder toute sa symbolique et son impact. Il vient de le démontrer dans un meeting populaire. Et Constantine lui a rendu la pareille en lui réservant un accueil des plus chaleureux. L'ambiance créée par le public, composé d'une grande partie de Sanafir, a été tout simplement fabuleuse. Du jamais vu, depuis le meeting animé par Liamine Zeroual dans ce même lieu, en 1995. Le meeting tenu par Bouteflika à Constantine constitue un signal fort en direction d'une ville squattée par des potentats locaux, mais qui essaye de se relever, à l'ombre d'une paix civile que toute l'Algérie espère irréversible.