L'ancien président de la République, Liamine Zeroual, a reçu dans son domicile à Batna, Ali Benflis. La presse nationale et internationale qui a suivi Benflis était également conviée à cette rencontre. Le président Zeroual est sorti après sa rencontre avec Benflis sur le perron de sa maison pour annoncer qu'«il ne fera pas de commentaires à la presse». Incontestablement, l'étape de Batna était la plus attendue par les observateurs ainsi que par le staff de campagne de Benflis. Une foule impressionnante attendait pendant des heures, l'enfant du pays. Le meeting a eu lieu avec deux heures de retard dans une salle archicomble et chauffée à l'extrême. Les organisateurs qui espéraient la tenue de cette manifestation dans l'enceinte du nouveau stade dont la capacité peut atteindre 25.000 personnes, ont été particulièrement déçus à la suite du refus par le wali de leur accorder l'autorisation souhaitée. La foule qui avait déjà occupé les gradins a été priée de sortir manu militari du stade. Il a fallu pour cela une brigade de l'URS pour les déloger des tribunes. Le meeting a eu lieu finalement dans la salle omnisports qui s'est révélée trop exiguë pour contenir toute la foule. Une forte délégation constituée de chefs de partis, de personnalités politiques et d'anciens hauts gradés de l'Armée à la retraite a accompagné le candidat Benflis à Biskra et à Batna. La veuve Anissa Boumediene a été certainement celle qui a ravi la vedette aux autres personnalités. Avant cela, Benflis a fait des haltes successives à Barika presque au même moment que le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia qui passait par là. La délégation de Benflis a été accueillie par des jets de pierres de la part de certains enfants non sans gravité. A Aïn Touta, la population locale a été aux petits soins avec le candidat. Le meeting de Batna a été ouvert par la veuve Houari Boumediene qui a indiqué qu'elle «renouvellera (sa) confiance à Benflis» et qu'elle est convaincue que celui-ci «comprend le peuple» et de lancer ce cri d'angoisse : «26 ans barakat !». Dès qu'Ali Benflis prend le micro, la foule en délire explose et le candidat a du mal à commencer son discours. Pour Benflis, «la politique, c'est surtout la droiture et la rectitude», une allusion claire en direction de Bouteflika. Pendant une heure, Ali Benflis a répété sans cesse, son aptitude à respecter ses 100 engagements contenus dans son programme s'il est élu. A Biskra, l'étape matinale de son périple, Ali Benflis a tenu son meeting à la salle omnisports après des haltes à Oued Djellal et Tolga et une visite éclair à la zaouia de Sidi Ali Benamar. Dans cette ville, le candidat Benflis apprendra à l'assistance que son père et son frère ont été tués dans cette localité par les militaires français et que leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Il dénoncera la «mainmise de l'Etat algérien» par un seul homme et dira que «le patriotisme aujourd'hui c'est la démocratie». Il traitera ensuite de la réconciliation nationale mais selon son concept à lui et qui signifie «donner du travail, du logement et régulariser les victimes du terrorisme. C'est ça la vraie réconciliation !». Pour Benflis, Bouteflika qui parle de réconciliation ne l'a pas réalisée durant son mandat de cinq ans: «J'y crois fermement ! je réaliserai cette réconciliation entre l'Etat et les citoyens». Enfin, il s'est déclaré contre la loi sur les hydrocarbures telle que proposée par l'actuel gouvernement. «Les richesses n'appartiennent à personne, elles appartiennent au peuple qui décidera souverainement de ce qu'il en fera», martèlera-t-il. Au cours de son meeting, il fera référence à plusieurs reprises aux réalisations de Boumediene, telles l'école et les grandes oeuvres industrielles.