L'ancien chef de l'Etat vient de prendre une responsabilité politique contrairement à d'autres personnalités. Le vent des aurès souffle sur Alger. Ali Benflis a reçu, hier, une communication téléphonique de l'ex-président Liamine Zeroual, «qui lui a exprimé sa consternation devant les agissements qui visent le parti du FLN et lui a fait part de sa pleine et entière solidarité avec la direction du parti et ses militants dans cette phase particulière de la nation» a rapporté un communiqué de la direction du FLN. Cette sortie de l'ex-président de la République, est à ce titre significative puisqu'elle opère justement une décantation identifiant deux entités diamétralement opposées. D'un côté, le cercle présidentiel, de l'autre presque toute l'opposition qui condamne à l'unanimité le gel des activités et des avoirs du parti majoritaire. Zeroual, qui a toujours refusé de s'impliquer directement dans les conflits et les crises qui secouent la scène politique nationale, semble avoir très peu apprécié «le putsch orchestré par les redresseurs» contre le FLN. Ce qui l'a fait sortir du silence qu'il a observé depuis sa démission du poste de président de la République en 1999. C'est la première fois que Liamine Zeroual s'exprime officiellement au plan politique. Cette retenue propre à l'ex-président lui a valu son rang de demeurer comme étant l'une des personnalités politiques les plus intègres. Aux pires moments de l'enlisement de son ex-bras droit, le général Mohamed Betchine, Liamine Zeroual ne s'est pas compromis dans le conflit. Il n'a pas réagi même aux appels incessants de milliers de citoyens le conviant à présenter sa candidature à la future présidentielle. D'ailleurs, pas plus loin qu'il y a quelques semaines, une campagne de placards publicitaires appelait l'ex-président à se présenter au rendez-vous d'avril 2004. En réagissant à la crise du FLN, M.Zeroual vient de prendre une responsabilité politique contrairement à d'autres personnalités, qui n'arrivent pas à se déterminer comme c'est la cas de Mouloud Hamrouche. Général, ministre de la Défense avant d'être élu à la présidence de la République en 1995, Zeroual jouit, même étant en retrait de la scène politique, d'une confiance et d'un respect certains au sein de l'institution militaire. Dans ce sens, le fait qu'il se range du côté du secrétaire général du FLN vaut son pesant politique. Dans cette perspective également, l'acte de M.Zeroual induit un recentrage au niveau de la classe politique. Cette reconfiguration gratifie Benflis, d'abord, de statut de victime des pratiques du cercle présidentiel et le place ensuite au centre d'une alliance à présent tacite mais qui fait son chemin. Comme si cette dynamique, qui s'est enclenchée sous l'effet du verdict de la chambre administrative de la cour d'Alger, vient ravir la qualité d'homme du consensus à M.Bouteflika et l'accorder à son ex-directeur de campagne. Qu'on en juge dans les faits: toutes les tendances qui ornent le paysage politique algérien ont rendu visite au secrétaire général du FLN pour lui exprimer leur solidarité. Une délégation du PT conduite par Djeloul Djoudi a exprimé, au cours de la rencontre avec M.Benflis, «la vive préoccupation du Parti des travailleurs devant le développement dangereux que connaît la scène politique nationale, réaffirmant l'attachement du parti aux acquis démocratiques du peuple algérien». Reçus également par Benflis, Ahmed Taleb El Ibrahimi a fait état de sa «profonde préoccupation à l'égard des agissements contraires à l'éthique et à la morale politique qui visent le FLN et qui constituent une menace lancinante sur le pluralisme politique dans notre pays». Le chef du Wafa, parti non agréé, a réitéré sa disponibilité à «contribuer à toute action commune des partenaires politiques visant à traiter la grave crise que connaît la scène politique nationale». La même disposition a été affichée par Abdallah Djaballah, quant à «la nécessité pour la classe politique de conjuguer ses efforts afin d'annihiler les dangers des agissements contraires à la pratique démocratique». Abderrahmane Akif, président du Mouvement national pour la nature et le développement, a réaffirmé son «ferme refus des pratiques contraires qui visent le parti du FLN et sa direction légitime». Ce que partage Mohamed Hamouma, président du Rassemblement pour l'Algérie, qui a dénoncé et condamné «le complot qui vise le parti du FLN et sa direction», réaffirmant son «soutien à la candidature de M.Benflis à la présidentielle de 2004». Le Dr Yacine Terkmane a exprimé son rejet des pratiques «contraires au pluralisme politique et qui visent à porter atteinte à la stabilité des partis politiques». De même qu'une délégation du MSP, conduite par Abdelmadjid Menasra, a exprimé la solidarité de la direction du Mouvement de la société pour la paix et de ses militants avec le parti du FLN.