Pour la dernière étape de son périple électoral, Ali Benflis, le secrétaire général du parti, a choisi Batna. Quoi de plus normal puisqu'avec la capitale de l'Aurès, il aura rendu visite à 36 wilayas et parcouru des milliers de kilomètres. Comme partout ailleurs, le welcome service était présent à l'aéroport Mostefa-Benboulaïd. Une fois en ville, le secrétaire général du FLN, accompagné d'une petite délégation, a rendu visite à l'ancien Président de la République, M.Liamine Zeroual qui l'a accueilli au seuil de son domicile, avant de l'introduire dans son salon. L'accueil fut éminemment chaleureux. De son côté, M. Ali Benflis a fait montre d'une grande déférence envers Liamine Zeroual qui nous a reçus, il faut le souligner, en toute simplicité. Après des échanges d'urbanité tout à fait de circonstance, le Président Zeroual nous apprend qu'il a suivi toute la campagne pour les législatives grâce à la presse et à la télévision. La visite fut chaleureuse et pour éviter qu'elle ne sombre dans la routine quotidienne, un des journalistes présents demanda à Liamine Zeroual si l'idée d'écrire ses mémoires a déjà germé dans son esprit. La réponse fut affirmative, mais l'ancien Président, qui y avait sans doute songé avant nous, a tenu à préciser qu'il n'était pas d'accord pour écrire dans n'importe quelles circonstances. «Si je me décidais à écrire un jour, souligna-t-il, c'est pour aider mon pays à aller de l'avant pour consolider l'édification de ses institutions.» Institutions que l'ancien président de la République considère comme étant la garantie cardinale de la pérennité de l'Algérie. Dans une envolée comme il en avait eu souvent le secret, pendant qu'il était aux affaires, Liamine Zeroual fit une longue dissertation orale sur la valeur des institutions et le poids qu'elles auront sur la stabilité de l'Etat et de la République, une fois que leur existence et leur rôle dans l'Etat auront été bien compris. Invité à en parler pour en finir avec les motifs réels qui l'ont poussé à se désister du pouvoir, l'ancien chef de l'Etat a répondu, serein, à la question en soulignant que tout ce qu'il a fait pendant qu'il était au pouvoir, il l'a fait de son propre gré et que personne ne l'y avait poussé. Et d'expliquer que s'il a dû recourir à une élection présidentielle anticipée dix mois avant l'échéance légale de son mandat, c'est pour inaugurer le principe fondamental de l'alternance dont le peuple algérien a tant besoin pour régler les grands problèmes qui l'ont, jusqu'ici, empêché d'aller de l'avant pour parachever la construction de l'Etat et en perfectionner les institutions. La discussion avec Liamine Zeroual fut non seulement agréable, mais hautement instructive. On aurait voulu qu'elle se poursuivît dans les mêmes termes, mais le devoir électoral appelait Ali Benflis dans la salle omnisports de Batna où des milliers de personnes l'attendaient pour l'entendre parler de son programme en vue des législatives du 30 mai. Comme à son habitude, Ali Benflis fut suffisamment convaincant devant les Batnéens, et, sans effort superfetatoire de sa part, il a réussi à passer le message auquel il était venu les faire adhérer. A l'instar des 35 autres wilayas où il s'était rendu auparavant, il a, encore cette fois, campé le rôle de pédagogue politique pour que les gens qui voteront FLN, sachent au moins ce que comporte le programme de ce dernier. Encore une fois, le secrétaire général du FLN s'en est sorti avec un satisfecit accordé par une salle comble dont certaines personnes interrogées par nos soins ont confié que le FLN à Batna campe sur une position honorable; cela pour dire que le 30 mai, il aura toutes les chances de ratisser large. Cela étant dit, quelle sera alors la chance des autres partis, avons-nous demandé à nos interlocuteurs? Leur réponse fut nette: ils se partageront le reste minoritaire que le FLN n'aura pas eu le temps de faire adhérer à son discours...