Le président sortant indique que les mesures déjà engagées dans le domaine de l'enseignement de la langue amazighe seront mises en oeuvre activement. Hormis Hanoune qui plaide, dans son programme électoral, pour l'officialisation de tamazight sans référendum, les autres candidats accordent un intérêt timide, voire électoraliste, à la revendication amazighe. Ainsi, Benflis n'a pas soufflé, dans ses cent engagements, un seul mot sur le statut de tamazight ni encore sur la crise de Kabylie. En effet, on est enclin à supposer que ses promesses pour régler la crise de Kabylie relèvent de calculs électoraux. Car, comment peut-on normaliser la situation dans cette région sans une prise en charge effective de tamazight, lame de fond de la plate-forme d'El-Kseur. Bouteflika, lui, déclare oeuvrer à «promouvoir la culture et la langue amazighes que l'Algérie s'est constitutionnellement réappropriées». En outre, le président sortant indique que les mesures déjà engagées dans le domaine de l'enseignement de la langue amazighe seront mises en oeuvre activement. D'autre part, le candidat entend «poursuivre, par la voie du dialogue déjà entamé, le règlement définitif des séquelles des tragiques événements qui ont secoué la région de la Kabylie». Même si Bouteflika n'a pas affiché, dans son programme, sa position sur l'officialisation de tamazight, tout indique qu'il envisage de soumettre ce statut à la voie référendaire. Une démarche, à titre de rappel, rejetée dans le fond et dans la forme par le mouvement citoyen. Cela dit, il est difficile de prévoir une reprise du dialogue dans le cas où l'option du référendum n'a pas été écartée. Djaballah, quant à lui, s'est contenté, dans les 15 pages de son programme, d'une seule phrase sur «l'intérêt qui doit être apporté au patrimoine culturel amazigh dans le cadre civilisationnel de la nation». D'après les sorties médiatiques du candidat islamiste, il est prématuré de parler de la langue amazighe. Preuve en est le projet de Djaballah de mettre en place un observatoire pour la promotion de tamazight. En contrepartie, le fervent défenseur des constantes nationales suggère que tamazight adopte la transcription en caractères arabes. Hanoune, sans aucun détour, appelle à un congrès national algérien pour décréter tamazight langue nationale et officielle comme mesure urgente pour «désamorcer toutes les bombes qui menacent l'unité de la nation et l'ensemble de la région». Dans la même optique, la candidate du PT considère que la constitutionalisation de la langue amazighe comme langue nationale en 2002 est indiscutablement un acquis important pour la nation algérienne. En plus de ce geste, Hanoune relève que «la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle par le recours à l'article 176 de la Constitution, participe du renforcement de l'unité de la nation avec ses deux composantes linguistiques». Poursuivant son approche, Hanoune conclut que «cette consécration fermera définitivement la porte aux manipulations diverses». Rebaïne, lui aussi, n'a pas inscrit, dans son programme, la revendication amazighe. Toutefois, le candidat de AHD 54 milite, d'après son intervention à «Coeur ouvert avec L'Expression», pour l'officialisation de tamazight par décret présidentiel. Sadi, dont le parcours se confond avec la question identitaire, s'est curieusement désengagé de ce sujet lancinant. Dans son programme électoral, l'ex-détenu de Berrouaguia dit que «la langue amazighe doit retrouver sa place dans la société aux côtés de la langue arabe». D'aucuns estiment inexplicable ce recul pour un militant qui a placé tamazight comme pilier lors de la création du RCD.