La République démocratique du Congo (RDC) a annoncé hier avoir remporté une «victoire totale» contre les rebelles du M23, dont les derniers combattants auraient pris la fuite au Rwanda voisin. «Les derniers résidus du M23 viennent d'abandonner leurs retranchements de Chanzu et Runyonyi sous la pression des troupes gouvernementales qui viennent d'y entrer. C'est la victoire totale de la RDC», a indiqué Lambert Mende, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais à l'aube. Les derniers rebelles ont «fui pour la plupart vers le Rwanda» voisin, a-t-il ajouté. «Runyoni et Chanzu sont tombées, on a fini le travail», a confirmé le lieutenant-colonel Olivier Amuli un porte-parole de l'armée pour la province du Nord Kivu, dans l'est de la RDC, où se sont déroulés les combats. Le Mouvement du 23 Mars (M23) «a pris la poudre d'escampette», a indiqué sous le couvert de l'anonymat un autre officier des Forces armées de la RDC (Fardc). «Ils ont brûlé 42 véhicules et leurs dépôts de munitions; ils se sont dispersés dans tous les sens, chacun pour soi et Dieu pour tous. Les combats ont duré toute la nuit», a-t-il ajouté. Depuis la prise, la semaine dernière, de leur fief et dernière place forte, Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda, les rebelles s'étaient retirés sur trois collines des environs, dans les montagnes aux confins du Rwanda et de l'Ouganda, à près de 2 000 mètres d'altitude: Mbuzi, Runyonyi et Chanzu, d'où leur mouvement avait été lancé en avril 2012. Mbuzi était tombée lundi à la mi-journée, et, dans l'après-midi, des éléments de la Brigade d'intervention de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) s'étaient joints aux force gouvernementales pour pilonner au mortier les positions rebelles après la mort de six civils tués par des chutes d'obus sur Bunagana. Cette ville est située à 80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Selon le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, le chef militaire des rebelles «Sultani Makenga a fui vers le Rwanda». Au début de l'offensive contre les derniers bastions rebelles, samedi, les combattants du M23 retranchés sur Mbuzi, Runyonyi et Chanzu étaient entre 200 et 300, selon les estimations. Le M23 est né d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée trois ans plus tôt après un accord de paix. Au faîte de sa puissance, il avait occupé Goma pendant quelques jours en novembre, avant de se replier à quelques kilomètres sous la pression de la communauté internationale. Le Mouvement semble avoir été lâché par le Rwanda et l'Ouganda, les deux pays accusés par les Nations unies de le soutenir, et qui ont fait l'objet d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines, pour que cela cesse. Lundi, les envoyés de l'ONU, de l'Union européenne, de l'Union africaine et des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs avaient appelé à la fin des combats. Ils avaient pressé Kinshasa et le M23 «de mener à bien» leurs discussions «jusqu'à un accord final fondé sur des principes permettant d'assurer le désarmement et la démobilisation du M23 et que les personnes responsables de violations des droits de l'homme rendent des comptes».