Le climat est intense à l'approche de l'élection Ces donneurs de leçons aiment tant nous faire la morale parce qu'ils pensent en avoir le droit à partir du seul moment qu'ils sont attablés place de l'Opéra à Paris. Plus l'élection d'avril 2014 approche, plus le climat est intense. Ceci est dû, d'un côté, à la nature des choses qui veut, comme partout ailleurs, que plus on se rapproche de la date de l'élection, plus l'effervescence et l'agitation augmentent mais, d'un autre côté, il y a cette maladie de Bouteflika qui est venue compliquer encore la donne en s'ajoutant aux éléments constituants d'une scène politique peu «normale» en soi. Qu'au fur et à mesure que l'échéance approche, des voix s'élèvent pour dire ou pour médire, pour annoncer ou pour dénoncer, pour appeler ou pour rappeler, pour rejeter ou pour recommander, pour louer ou pour critiquer, pour caresser dans le sens du poil ou pour griffer là où cela fait le plus mal, tout ceci est tout à fait normal, même si parfois certaines voix sont amuïes par une censure qui ne veut pas quitter notre ciel et même si des rappels à l'ordre tombent, parfois, de là où ils ne devraient pas venir. Tout cela est normal, tout cela demeure dans les limites d'un mode de vie qu'on nous a imposé et pour lequel nous avons inventé des détours afin de pouvoir le traverser et tenter d'embrasser des rêves souvent descendus en lambeaux par des indus occupants et des incompétents. Tout ceci est devenu chose normale. Qu'un chef de parti, à peine installé, tire sur un Premier ministre à boulets rouges, donnant à la communauté internationale l'occasion de s'esclaffer, qu'un autre s'en prenne à un confrère, que des partis se restructurent uniquement à l'approche d'élection, que d'autres partis naissent la veille de la campagne électorale, une demi-journée après avoir déposé une demande alors que d'autres partis attendent depuis des années que l'on débarque Ouyahia, que l'on écarte Belkhadem, que l'on présente des excuses trop tardives et trop douteuses à Hocine Aït Ahmed, que l'on intronise Saâdani, que l'on éjecte Belayat... tout cela, à la limite, est normal car tout cela entre dans nos habitudes si effrayantes, dans nos valeurs qui se dégradent à vue d'oeil et dans notre culture qui s'appauvrit de plus en plus. Que Khalida Toumi dise préférer tous les écrivains du monde à Yasmina Khadra, qu'elle séquestre notre culture dans une armoire poussiéreuse du XIIe siècle, qu'elle jette le tout dans la pièce où gît le cadavre d'un saint homme parce qu'elle pense que c'est la mode pour les ministres, passe encore, car tout cela est normal du moment que cela nous ressemble tellement depuis que n'importe qui peut faire n'importe quoi dans notre pays et, surtout, du moment que ce sont les moins capables qui s'expriment devant les micros qui ne sont tendus que là où il ne faut pas. Ce qui n'est pas normal, par contre, c'est de voir un Algérien se lever, ailleurs qu'en Algérie, prendre ciel et terre à témoin et se mettre à déverser, de manière grossière, sa haine de l'Algérie. Ce qui étonne, c'est lorsqu'un Algérien, du moins de nom, au nom d'un amour qu'il dit porter au pays, se donne et nous donne en spectacle à ceux qui l'hébergent le temps de s'exprimer, à travers ses sentiments peu amènes pour l'Algérie et les Algériens. Ces donneurs de leçons aiment tant nous faire la morale parce qu'ils pensent en avoir le droit à partir du seul moment qu'ils sont attablés place de l'Opéra à Paris et, à l'approche d'événements comme les élections, entrent en compétition pour voir qui fait le plus mal ou qui profère la plus grande insanité à l'endroit du pays. Nous ne parlons pas de ceux qui émettent des critiques à l'égard du système ou de certaines institutions et nos propos ne concernent nullement ceux que l'amour de leur pays pousse chaque matin à bousculer le système en place et à appeler au changement, ceux-là, au contraire, méritent respect et égard pour ce qu'ils font, pour ce qu'ils ont fait et pour ce qu'ils continueront à faire sans doute, car tous leurs efforts n'ont qu'un objectif: contribuer à l'amélioration des choses, mais ceux, par contre dont l'objectif est de faire dans l'amalgame pour le seul besoin de faire mal, ceux-là n'ont rien d'un comportement normal et ils n'ont rien compris à l'Algérie ni à l'Algérien. Gardez, de grâce, les insultes pour vos maîtres de là-bas. Le pays n'en a que faire. L'Algérie attend le changement de la meilleure manière qui soit, celui qui la mette sur les rails pour qu'enfin elle puisse aller à la rencontre de son destin. Nous n'avons pas besoin de vos insultes, messieurs, ni de votre haine. Nous avons besoin juste de votre silence pour que l'on s'achemine doucement et sûrement vers l'avenir, vers celui de nos enfants, celui de leurs enfants, après avoir été longuement enchaînés à un passé qui ne veut plus de nous.