«Timidement, mais sûrement, les entreprises japonaises qui avaient fui le pays à cause de la tragédie nationale, reviennent s'installer en Algérie.» La tragédie nationale n'a pas causé du mal qu'aux Algériens. Les entreprises étrangères ont, elles aussi, souffert à la suite de cette tragédie, obligeant nombre d'entre elles à cesser leur activité ou à quitter, carrément, le pays. Lors de la conférence qu'il a animée, hier, à la faculté des sciences politiques de Ben Aknoun, l'ambassadeur du Japon à Alger, M Tsukasa Kawada a évoqué les relations entre le Japon et l'Algérie et les perspectives de coopération dans les domaines économique et culturel notamment. A ce titre, il a rappelé que le Japon et l'Algérie ont beaucoup de choses en commun et que leur seule préoccupation c'est le développement économique et social de façon à réduire leur dépendance vis-à-vis d'autres pays. Dans un bref rappel historique, il a déclaré que le Japon est l'un des tout premiers pays qui ont reconnu l'Algérie en 1962 et que, depuis cette date, les relations économiques entre les deux pays n'ont cessé de se développer. Du moins jusqu'à la fin des années 1980 où, selon lui, 3000 Japonais résidaient en Algérie et avaient participé à de nombreux projets tels que la raffinerie d'Arzew, le complexe gazier de Hassi Rmel, l'usine de textile de Nedroma, le complexe sidérurgique d'El Hadjar, le barrage de Gargar, l'Université des sciences d'Oran, etc. La spirale de la violence qui s'était abattue sur le pays dans les années 1990, obligea, malheureusement, la plupart à plier bagage et quitter précipitamment l'Algérie. Idem concernant les entreprises qui étaient établies en Algérie et qui avaient préféré fuir plutôt que de s'exposer aux risques. Maintenant que la paix est revenue et que l'Algérie a retrouvé sa stabilité pourquoi les entreprises japonaises tardent-elles à revenir? A en croire, l'invité de la faculté des sciences politiques, certaines sont déjà revenues, à l'image du consortium qui a pris part à la réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Il reconnaît, cependant, que cette reprise est timide et que cette frilosité est due au fait que les Japonais ne connaissent pas assez le marché algérien et qu'ils veulent avoir plus d'informations avant de venir investir dans notre pays. En matière de construction automobile, les Japonais sont très performants. Dans le domaine de l'électronique aussi. Grâce à leur savoir-faire, les firmes japonaises sont parvenues à concurrencer même les entreprises suisses dans le domaine de l'horlogerie. M Kawada a beaucoup insisté sur le savoir-faire japonais qui a permis à ce pays de faire partie du gotha des pays les plus industrialisés de la planète. «Nous n'avons pas de ressources, mais nous avons de la matière grise», a-t-il lancé à la face des étudiants qui étaient venus pour l'écouter. L'innovation est un domaine dans lequel les Japonais excellent. Ils sont même les meilleurs en la matière, mais cela leur joue parfois des tours. «Les Japonais sont des champions en matière d'innovation, mais ils oublient souvent de penser au marché», a-t-il confié.. L'invention du téléviseur plasma a révolutionné le monde de l'audiovisuel, mais comme l'a expliqué l'ambassadeur japonais, son prix cher sur le marché, du moins à ses débuts, a refroidi l'ardeur de bon nombre d'entreprises.