Quarante ans après l'indépendance, peut-on parler encore du secteur de la cinématographie? Peut-on remettre encore une nouvelle fois sur la table les malheurs de ce secteur jeté aux oubliettes? Les projets ne manquent pas, mais apparemment, toutes les études qui ont été déjà faites sont restées à ce jour au stade des hypothèses. Pour remettre la cinématographie algérienne sur les rails, une série de mesures nécessaires s'impose comme une exigence absolue. Les spécialistes et les responsables du cinéma algérien sont appelés à rattraper l'immense retard enregistré en matière de législation. L'absence d'un véritable dispositif législatif a remarquablement freiné toutes les volontés visant la promotion du secteur. Cette législation devra être composée de lois conformes à celles appliquées dans les plus grands pays du cinéma. Cette réglementation devra être également accompagnée de mécanismes de gestion modernes et valables. L'Etat algérien, qui a tous les pouvoirs, particulièrement les moyens financiers, doit accorder aux artistes et réalisateurs des atouts matériels pour encourager et intensifier la production. Un nombre important de scénarios sont restés à ce jour sans mise en oeuvre. Le manque flagrant de moyens tourmente les comédiens et les producteurs algériens. Les budgets alloués à la production cinématographique n'existent plus. A titre indicatif, le cinéma français bénéficie d'un soutien institutionnel et financier considérable de la part de l'Etat. Les spécialistes et les professionnels de cet art devront, de leur côté, contribuer formellement à l'élaboration des textes de loi. A côté des efforts qui devront être consentis par l'Etat, l'industrie cinématographique a besoin aussi d'un soutien du secteur privé et d'un fonds public destiné spécialement à la relance du septième art. Il est nécessaire dans le même cadre, que des sources de financement supplémentaires émanent des institutions et des organismes différents, pour apporter leur collaboration dans le soutien à ce plan de rescousse. A cet effet, les responsables sont appelés à la multiplication des manifestations culturelles et l'édification d'autres salles de projection afin de rentabiliser les investissements. La restauration des salles déjà existantes contribuera également d'une façon remarquable à l'incitation du public. Dans ce cadre, aujourd'hui on n'entend parler de festival de cinéma que rarement. Les festivals organisés ces dernières années se comptent sur le bout des doigts, on cite ceux d'Annaba en 1993 et 1995, le festival du cinéma amateur d'Aïn-Defla, ceux de Relizane et de Tizi Ouzou créés en 1979 sans oublier le festival de Timimoun organisé par le cinéaste Mohamed Chouikh. Les gens du septième art devront aussi s'organiser dans des syndicats autonomes. La force revendicative constitue aussi l'un des facteurs indispensables pour amener les responsables à prendre au sérieux les différentes propositions et/ou doléances formulées par la force militante. La mise sur pied d'un centre national de cinématographie - mais qui ne sera dépendant d'une quelconque institution - consolidera l'apport de l'Etat mais surtout garantira la bonne gérance des subventions octroyées au cinéma. Le centre de cinématographie français collabore d'une façon affirmative et effective dans la gestion des ressources et des aides accordées au cinéma français. Le cas de l'Algérie, le seul centre du cinéma algérien qui a pu survivre pendant uniquement trois ans, a été créé par le décret n° 64.164 du 8 juin 1964. Trois années plus tard, cet établissement a été dissous et remplacé par le CAC, puis l'Oncic, Enaproc, Caatc... Il est à dire que ces organismes ont été créés, soit pour des conjonctures passagères, soit pour entretenir la politique de bricolage. D'autres entreprises ont été créées par la suite, à savoir l'Entreprise nationale des productions algériennes (Enpa), le Centre algérien des arts et industries cinématographiques (Caaic), le Centre de diffusion cinématographique (CDC), l'Agence algérienne des actualités filmées (Anaf), dans le seul objectif de servir l'unique Entv. Pour engager le cinéma algérien vers un horizon nouveau, sans l'ombre d'un doute, la mise sur pied d'un réel projet national s'impose comme une démarche obligatoire. Les responsables et les professionnels du cinéma doivent se concerter pour faire sortir ce secteur de son marasme.