Des combats entre tribus rivales au Darfour, une région de l'ouest du Soudan en proie aux violences depuis 10 ans, ont fait 100 morts, a indiqué samedi soir la Radio publique, une source humanitaire faisant état pour sa part de la mort de soldats tchadiens. «Le nombre de morts s'élève à 100», après des combats entre les tribus Misseriya et Salamat, a indiqué Radio Omdurman dans un bref bulletin envoyé par SMS. La radio ne précise pas quand ces combats avaient eu lieu mais de violents affrontements ont de nouveau éclaté entre les deux tribus au cours de ce mois de novembre dans le sud-ouest du Darfour. Radio Omdurman a indiqué que les combats avaient cessé mais un chef des Misseriya a affirmé qu'ils se poursuivaient encore samedi autour de la ville d'Umm Dukhun, avec plus de 50 morts des deux côtés. Des soldats tchadiens membres d'une patrouille mixte soudano-tchadienne à la frontière ont été tués jeudi dans des combats avec les Salamat près d'Umm Dukhun non loin de la frontière, selon une source humanitaire qui n'a pu préciser leur nombre. Après avoir attaqué Umm Dukhun et un camp de déplacés dans les environs, les Salamat «ont été chassés par les forces conjointes du Tchad et du Soudan, puis repoussés vers le Tchad, où les soldats les ont poursuivis un moment», toujours selon la même source. C'est à ce moment que des Tchadiens ont été tués, «probablement sur le territoire du Tchad». L'accès à cette région est rendu très difficile par le Soudan, et il est ardu d'avoir des informations sur les combats qui s'y déroulent. Les armées tchadienne et soudanaise y envoyaient des renforts samedi soir, selon la source humanitaire. Une source au sein de la tribu Salamat a, de son côté, confirmé des combats jeudi dans la région, mais n'était pas certaine que des Tchadiens y aient pris part. Depuis 2003 et le soulèvement de rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes, accusés d'accaparer les richesses, le Darfour est le théâtre de violents affrontements entre armée et tribus d'un côté, et rebelles de l'autre. Mais depuis plusieurs mois, les combats entre tribus ont connu un regain de violences, devenant même, selon les autorités, la principale menace à la sécurité de la région. Ces violences entre milices arabes tribales ont fait des centaines de morts. Début novembre, plus de 50 personnes sont mortes en deux jours de combats à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Mukjar, dans le Darfour-Ouest, selon des informations des Nations unies. Le ministre de la Défense a estimé mardi dernier que «les heurts entre tribus sont le plus gros défi et la menace la plus sérieuse pour la sécurité du Darfour». Le gouvernement semble cependant impuissant face aux tribus qu'il a lui-même armées pour lutter contre la rébellion mais qui se battent désormais entre elles pour la terre, l'eau et les droits miniers. Les affrontements tribaux et les combats entre rebelles et troupes gouvernementales au Darfour ont poussé à la fuite au moins 460.000 personnes depuis le début de l'année, selon l'ONU. Les violences au Darfour ont fait depuis 2003 au moins 300.000 morts et plus de deux millions de déplacés au Darfour, selon l'ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.