94 personnes ont trouvé la mort, vendredi et samedi, dans des affrontements entre deux tribus rivales du Darfour, dans l'ouest du Soudan. Ce « carnage », qui survient moins d'un mois après la conclusion d'une trêve entre ces deux tribus, Misseriya et Salamat -elles ont signé une trêve le 3 juillet dernier prévoyant le paiement de compensations à la partie adverse et le retour des réfugiés - replace la question du Darfour sous les feux de la rampe. Selon Ahmed Khiri, de la tribu des Misseriya, les combats ont éclaté après une tentative d'attaque de la tribu des Salamat. « Nous avons perdu 8 de nos hommes et tué 86 des leurs », dit-il. « Les Misseriya ont attaqué notre village à bord d'une trentaine de 4x4. Nous avons résisté et perdu 52 de nos hommes », affirment les Salamat, demandant l'aide du gouvernement. De précédents heurts entre les deux tribus en avril ont conduit, selon les estimations de l'ONU, 50.000 personnes à fuir le sud-ouest du Darfour vers le Tchad voisin. Un chef de la tribu Salamat avait accusé, alors la Réserve centrale, unité spéciale de la police du Darfour-Ouest, d'avoir participé à des combats qui ont causé la mort de près de 20 personnes à Rahad el-Berdi près de Umm Dukhun, non loin de la frontière tchadienne, en avril dernier. La mission commune ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) considère que les rivalités tribales et les querelles de terres sont la principale source du regain de tension, qui a fait près de 300.00 nouveaux déplacés dans les cinq premiers mois de 2013, soit deux fois plus que pendant les deux années précédentes combinées. Des rebelles issus de tribus locales au Darfour se sont soulevés contre Khartoum en 2003, déclenchant un conflit long et dévastateur qui a fait au moins 300.000 morts selon l'ONU et 10.000 morts selon Khartoum. Depuis une décennie, les rebelles du Darfour combattent le gouvernement dans un contexte d'instabilité accrue par les conflits tribaux, les enlèvements, vols de voitures et autres crimes dont beaucoup sont attribués à des milices liées au gouvernement et à des groupes paramilitaires.