Le Conseil local de Tripoli a annoncé mardi soir la prolongation d'une grève générale largement observée depuis dimanche dans la capitale, en signe de protestation contre la présence des milices, et qui devait initialement prendre fin dans la soirée. «Nous annonçons la prolongation de la grève générale jusqu'au départ de toutes les milices» de la capitale, a déclaré à la presse Sadat al-Badri, président du Conseil local, (mairie). M.Al-Badri a aussi appelé les Tripolitains à une «grande manifestation» demain contre les milices. Un début de retour à la normale se dessinait pourtant constaté à Tripoli mardi, au lendemain d'un déploiement de l'armée dans la ville, après les affrontements meurtriers du week-end. Le ministère de l'Enseignement a d'ailleurs annoncé dans un communiqué la reprise des cours pour hier. La grève générale a été largement suivie à Tripoli et dans sa banlieue durant les trois derniers jours. La majorité des commerces étaient fermés, de même que les administration publiques et les banques. Plusieurs habitants ont même observé une désobéissance civile, bloquant des routes et brûlant des pneus. Des violences ont éclaté vendredi quand une milice de Misrata, installée dans le sud de Tripoli, a tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ. En représailles, des hommes armés ont attaqué le QG de cette milice, au prix d'affrontements qui ont fait au moins 46 morts et plus de 500 blessés, selon un dernier bilan communiqué mardi par le ministère de la Santé. Lundi, les milices de Misrata, dont celle impliquée dans les heurts de vendredi, se sont retirées de la capitale, à l'appel des dirigeants et dignitaires de leur ville. Mais si le retrait des Misratis devrait calmer la situation, il reste des milices dans la capitale, en particulier celles de Zenten, une localité du sud-ouest de Tripoli, qui contrôlent plusieurs quartiers et en particulier la route de l'aéroport. Les Tripolitains réclament aussi la dissolution de milices formées par des ex-rebelles de la capitale, qui font la loi dans la ville. Sous la pression de la rue, plusieurs milices ont annoncé leur départ de la capitale, mais pour l'instant seul un groupe armé de Jado (ouest) a effectivement quitté le village touristique où il était installé dans la banlieue est, selon le ministère du Tourisme. Le gouvernement libyen a présenté mardi au Congrès général national (Parlement) un plan en 15 points pour faire évacuer les milices de la capitale, qui prévoit d'abord un recensement des différents groupes armés présents, qui devront être réinstallés sur d'autres sites hors de Tripoli. Le gouvernement envisage par la suite d'élaborer un deuxième plan pour le désarmement de ces groupes et l'intégration de leurs membres dans les forces de sécurité.