Ce débrayage sera entamé à partir de demain, comme l'a décidé le nouveau syndicat. Sitôt installé par les travailleurs, le nouveau syndicat du complexe d'El Hadjar passe à l'acte. Il compte déclencher une grève illimitée à partir de demain 26 novembre 2013. C'est du moins ce qu'ont annoncé des représentants de ce syndicat qui se sont déplacés à la rédaction de L'Expression. Ce nouveau débrayage des travailleurs du complexe ArcelorMittal d'El Hadjar intervient après la création d'un nouveau syndicat indépendant qui porte le nom de Syndicat autonome de l'acier. «Ce syndicat est né au sein du complexe d'El Hadjar après que les travailleurs aient constaté de graves dépassements au niveau du syndicat rattaché à l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta)», affirme le même groupe de travailleurs. Ils dénoncent l'instrumentalisation du syndicat rattaché à l'Ugta à des fins personnelles. «C'est à contrecoeur et avec une grande tristesse que nous quittons le syndicat cher à Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. Nous sommes conscients qu'il reste beaucoup de gens honnêtes et dévoués au syndicalisme au sein de la Centrale syndicale. Mais vu le manque de représentativité des employés du complexe d'El Hadjar, les passe-droits, le «ben-aâmisme», et les affaires de corruption qui ont touché la section syndicale de l'Ugta au niveau du complexe d'El Hadjar, nous ont poussés à créer ce nouveau syndicat», soulignent ces mêmes travailleurs. «466 travailleurs ont signé et apposé leurs empreintes digitales devant un huissier de justice pour créer ce nouveau syndicat qui regroupe désormais près de 85% des employés du complexe. Pour preuve 4500 employés ont démissionné individuellement du syndicat rattaché à l'Ugta et ont rejoint le nouveau syndicat où ils ont désigné à l'unanimité M. Kechichi Daoud, comme nouveau porte-parole», expliquent-ils. Forte de ce chiffre, l'Ugta est donc presque exclue du complexe d'El Hadjar avec seulement 15% des employés. Ce qui fait que la grève de demain enclenchée par le nouveau syndicat risque de paralyser ce complexe dans presque sa totalité. «On nous a poussés vers le pourrissement. Depuis des mois, personne ne veut entendre nos voix et notre détresse. L'année 2013 a été catastrophique pour ce fleuron de l'industrie nationale. La production a gravement chuté, passant de 600.000 tonnes en 2012 à 400.000 tonnes en 2013», dénoncent-ils. «Les parties concernées avaient la possibilité d'éviter cette grève, mais rien n'a été fait, nos revendications n'ont pas été satisfaites», attestent ces employés. Ce qui fait que demain, les différentes unités du complexe d'ArcelorMittal/Annaba, risquent d'être au point zéro. Une action qui, selon les pronostics, engendrera des retombées négatives, tant pour le complexe que pour le processus d'investissement. Pour le premier, l'entité sidérurgique en l'occurrence, l'arrêt des différents ateliers de production pourrait avoir des conséquences néfastes sur la production, notamment le haut-fourneau. Car le mettre à l'arrêt, nécessiterait plus de 60 jours pour le faire redémarrer, nous ont expliqué des travailleurs de cette unité névralgique de l'usine. L'arrêt des autres ateliers de l'usine occasionnera une chute de production et par conséquence une perte de centaines de millions de dollars. Au vu de la position de l'Etat préconisant l'investissement, ce processus pourrait être compromis, car le complexe a besoin de stabilité pour engager l'investissement d'un montant de 763 millions de dollars comme stipulé lors de l'accord de la reprise de 51% des parts du complexe par l'Etat algérien. Ça va donc chauffer demain à ArcelorMittal d'El Hadjar...