Après 24 heures de pourparlers non-stop au dernier jour de la conférence climat de Varsovie, le «non» retentissant des pays du Sud, Chine en tête, aux textes proposés sur les fondations de l'accord de 2015 et sur les finances faisait planer le spectre d'un échec des pourparlers. «Je vous demande de réfléchir sérieusement à ce qu'impliquerait de ne pas finaliser le travail important qui a été fourni à Varsovie», a lancé le ministre polonais de l'Environnement Marcin Korolec, qui préside la conférence. Il s'adressait aux délégués des plus de 190 pays réunis pour la première séance plénière de la journée après une longue nuit blanche de pourparlers dans le stade de Varsovie, où se déroule la conférence. Ces négociations, qui ont démarré le 11 novembre, devaient officiellement s'achever vendredi, mais il est très courant qu'elles se prolongent jusqu'au lendemain, voire au surlendemain. Mais hier à la mi-journée, la perplexité régnait dans les couloirs, où certains délégués, épuisés, n'excluaient plus de quitter la capitale polonaise sans accord. «Il y a un vrai risque que ces négociations échouent», a déclaré le directrice de l'ONG Oxfam Winnie Byanyima, dans un communiqué. Même si aucune percée n'était attendue lors de cette conférence, son ambition était néanmoins de poser «la pierre de fondation» de l'ambitieux accord attendu en 2015 à Paris sur les réductions de gaz à effet de serre, pour limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Pour la première fois, l'accord doit concerner tous les pays et être légalement contraignant. Des progrès semblaient avoir été accomplis dans la nuit notamment sur le texte portant sur l'aide financière au Sud. Les espoirs ont vite été douchés quand les pays du Sud ont opposé une fin de non-recevoir aux textes négociés, que l'Union européenne et les Etats-Unis ont jugé eux acceptables en l'état. «Nous sommes frustrés de la façon dont les choses évoluent», a déclaré le représentant du G77 (groupe des pays en développement) et Chine. «Cette conférence devait être la conférence des finances», a déclaré le négociateur du Bangladesh, Qamrul Chowdhury. «Et tout ce qu'on a, ce sont des cacahuètes», a-t-il ajouté. Les pays du Sud exigent des assurances sur le fait que les 100 milliards de dollars par an, promis d'ici 2020 pour faire face au changement climatique, seront bien mobilisés. Mais la dernière ébauche de compromis se contente d'exhorter «les pays développés à continuer à mobiliser de l'argent public, à des niveaux supérieurs» à ceux de l'aide d'urgence décidée pour 2010-2012, soit 10 milliards de dollars par an. Le Nicaragua, au nom du G77 et de la Chine, a demandé que les pays du Nord s'engagent sur un objectif intermédiaire de 70 milliards de dollars. L'Union européenne a, elle, appelé à la souplesse et au compromis dans ces négociations.