Il y a contrefaçon et contrefaçon. Un faux sac à main en «croco» n'a rien à voir avec le faux chauffage à gaz non conforme. Le premier est un délit économique tandis que le second porte atteinte à la vie des personnes. Notre marché intérieur est rongé par les deux fléaux mais c'est celui qui menace la vie des Algériens qui est le plus préoccupant. 18 containers renfermant 40.000 chauffages importés de Chine et de Turquie sont actuellement bloqués dans différents ports du pays «pour non-conformité aux normes de sécurité» a indiqué le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Ce chiffre énorme ne reflète, cependant pas, l'ampleur réelle de ce criminel trafic. Il ne s'agit que des appareils saisis. Combien d'autres sont passés en déjouant les moyens de contrôle en place? Impossible d'en connaître le chiffre mais il y a de quoi avoir beaucoup de frayeur devant le constat présenté par le Directeur général du contrôle relevant du ministère du Commerce, Abdelhamid Boukahnoune. Il a reconnu la difficulté de mettre un terme à ce phénomène lors d'un colloque international sur ce fléau tenu récemment. En cause, selon lui, «l'absence d'un cadre de coordination entre tous les secteurs concernés, le manque de professionnalisme des importateurs et le recours de certains d'entre eux à la fraude ainsi que le manque d'outils d'analyse». En clair, nous sommes sans défense face à ce danger qui menace chacun d'entre nous. Ce type d'accidents domestiques a nécessité 452.000 interventions des pompiers en 2012. Pour cette année, le chiffre arrêté au 30 septembre est de 335.000 interventions. Ce sont les chiffres communiqués par le ministre du Commerce. En moins de deux années cela représente près de 800.000 foyers algériens qui ont été victimes de ces appareils «non conformes». Si lors de ces interventions les pompiers ont pu sauver la vie de milliers de personnes, malheureusement plus de 600 d'entre elles sont mortes. 600 crimes dont les auteurs sont les contrefacteurs. Un terme générique qui désigne les producteurs et les importateurs. Ce n'est plus de la fraude, c'est de la criminalité. Il n'y a pas que les appareils domestiques qui entrent dans cette catégorie, les produits cosmétiques aussi peuvent être criminogènes. Selon la sous-directrice chargée de la lutte contre la contrefaçon à la direction générale des douanes, Fadila Ghodbane, ces produits représentent plus de 71% des saisies. Pour se faire une idée de ce que représente ce pourcentage, elle a précisé que de 2012 à ce jour, plus d'un million d'articles contrefaits ont été saisis par les services des Douanes. Mme Ghodbane se veut rassurante en relevant une baisse des saisies par rapport aux années 2007, 2008 et 2009. Mais, corrige-t-elle, cette baisse des saisies ne veut pas dire qu'il y a un recul de l'importation des produits contrefaits. Message bien reçu! Reste les mesures à prendre. Il est impossible de verser dans le défaitisme devant de tels dégâts. La première mesure urgente serait d'interdire au commerce informel d'écouler ce type de produits comme c'est le cas pour les armes à feu. Ensuite, il faudra adopter, vite fait bien fait, les textes législatifs que comptent présenter les Douanes algériennes et qui durcissent les mesures répressives pouvant aller jusqu'à la criminalisation. En écartant l'informel, les «marchands de la mort» seront ainsi vite démasqués. Et des vies seront sauvées!