Une élection aussi compliquée et aussi complexe que celle de 2014 «Il y a ceux qui veulent être candidats et ceux qui appellent à soutenir des candidats» «Où est donc le problème du quatrième mandat?» demande, étonnée, Louisa Hanoune qui vient d'être reconduite à la tête de son parti pour un septième mandat consécutif tandis que, une bougie à une main et une loupe à l'autre, Aberrezak Makri traque les possibles indices prouvant l'existence d'une éventuelle main étrangère dont userait, selon lui, le pouvoir pour faire passer l'idée du quatrième mandat. Amar Saâdani ne tient plus en place depuis qu'il est SG du FLN. Il jure en courant que seul un quatrième mandat sauvera l'Algérie de ses démons alors que Sellal affirme, le sourire aux lèvres et la main sur le coeur, qu'il n'est pas en campagne pour un quatrième mandat. Abderrahmane Belayat, tout en appelant les redresseurs à se préparer pour un prochain redressement et tout en introduisant un recours contre Amar Saâdani, fustige le comportement de ce dernier car Bouteflika, dit-il, n'a pas besoin d'une telle démarche. Entre-temps, des comités de soutien naissent ici et là, à Boumerdès pour Ali Benflis, à Montréal pour Hamrouche, dans certaines têtes pour Ahmed Ouyahia. Ahmed Benbitour n'a pas attendu que se constituent pour lui des comités de soutien. Le bâton de pèlerin à la main, et comme tous les bons pèlerins, il est allé prêcher dès les premières lueurs. Voilà bientôt un an qu'il exhibe à ceux qu'il rencontre le programme qui, selon lui, sauvera l'Algérie de ses mauvaises déviations et de celles de ceux qui l'y ont conduite. Le programme qui, insiste-t-il, évitera à lAlgérie un quatrième mandat. Djilali Sofiane, parti lui aussi sur le chemin du prêche, ne veut pas entendre parler d'un quatrième mandat. Et, pour ne pas demeurer en reste, Abdelkader Bensalah s'est empressé de déclarer solennellement le soutien de son parti, le RND, à un quatrième mandat. Puisqu'elle est de l'opposition, Hanoune jure de toutes ses forces qu'elle et son parti ne soutiendront aucun candidat de l'opposition. Ghoul, de son côté, essaie de convaincre son auditoire que le rôle de l'opposition consiste, non seulement à éviter de s'opposer, mais aussi à proposer autre chose que l'opposition. Cependant, Makri réfléchit à la meilleure manière de négocier cette première présidentielle qu'il rencontre sur son chemin et Dieu sait à quel point il aurait aimé ne pas avoir affaire à une élection aussi compliquée et aussi complexe que celle de 2014. «Comment faisait donc Soltani pour s'en sortir toujours gagnant?» devrait-il certainement se demander, tapi au fond d'une de ces bibliothèques dans lesquelles il aime tant se faire prendre en photo. Assis à l'ombre des calculs et en retrait par rapport aux tiraillements de son parti, Belkhadem ne se sépare point de son téléphone et de la calculatrice qu'il tient toujours à portée de main car, qui sait, si jamais il a l'opportunité d'être candidat, il faut bien savoir combien de signatures il doit rapporter de chacune des 25 wilayas au minimum. Mais il sait, au fond, que cela ne devrait pas constituer un problème pour lui si cela devait arriver car la main du destin, pas forcément de l'étranger comme aurait dit Makri, serait là pour faire signer le nombre suffisant. Mains jointes, le regard porté vers le ciel, le coeur en alerte, il prie fortement pour que cela arrive! Etonné derrière ses lunettes, Mohamed Moules-sehoul, plus connu sous le pseudonyme de Yasmina Khadra, ne comprend pas. «Il y a ceux qui veulent être candidats et ceux qui appellent à soutenir des candidats, pense-t-il, pourquoi le peuple est-il donc absent des préoccupations de tous?» Comme si elle venait de loin, une voix, presqu'inaudible, lui souffle à l'oreille qu'un peuple, cela sert à voter. Uniquement à voter. Alors, il rebrousse chemin. De la Mauritanie où il effectue une mission de supervision des élections pour le compte de l'UA, Ouyahia esquisse un sourire qui en dit long et, de l'obscurité totale dans laquelle il s'est enfermé depuis qu'il a quitté la présidence du MSP, Soltani se laisse aller à un éclat de rire comme il n'en a jamais eu!