Les chaînes privées bientôt zappées... Dans quelques jours, plus exactement le 31 décembre, expirera le délai de l'autorisation accordée par le ministère de la Communication aux cinq télévisions privées de droits étrangers: Ennahar TV, Echourouk TV, El Djazairia TV, Hogar TV et Dzair TV. Les autres télévisions privées algériennes qui activent sur Nil Sat, comme Adjawa TV, Kawaliss TV, Numidia News, ou encore L'index TV et Samira TV, travaillent actuellement sans autorisation. Les récentes déclarations du ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, qui avait indiqué que la loi passera incessamment devant le Parlement ont rassuré les responsables de ces chaînes privées qui espéraient être légalement reconnues comme des chaînes de télévision algériennes. Pour le ministre, l'urgence c'est de doter le domaine de l'audiovisuel d'un cadre juridique à même de permettre aux parties concernées de travailler selon les règles de l'art et de servir l'intérêt général. Selon une source proche du dossier de l'audiovisuel, le projet de loi devait être adopté avant la fin décembre, c'est essentiellement pour cette raison que le ministère de la Communication a accordé des autorisations avant la fin décembre. De nouveaux paramètres sont entrés en jeu sur la mise en application de la loi sur l'audiovisuel. Le ministère de la Communication ne sera donc pas obligé de renouveler les autorisations aux cinq chaînes à la fin décembre. Une fois la loi adoptée, les télés privées qui rempliront les critères du cahier des charges auront le droit d'être diffusées à partir de l'Algérie et bénéficieront d'un espace de diffusion au niveau du TDA. Ces télévisions auront surtout le droit à un direct, ce qui n'était pas le cas jusque-là. L'entrée en lice des télés privées va bouleverser le champ audiovisuel algérien. Dans le passé, seule la télévision publique, l'Eptv, qui dépend du ministère de la Communication, était le seul média lourd, avec la radio à être autorisées par la Cnisep (Commission nationale indépendante de surveillance de l'élection présidentielle) à organiser des débats avec les candidats admis par le Conseil constitutionnel. Si la loi sur l'audiovisuel passe, la Cnisep sera obligé de faire avec cette nouvelle donne et réorganiser les temps de parole et de passage des candidats. En 2004, certains candidats ont boycotté la télévision algérienne, considérant qu'elle n'était pas trop libre. C'était le cas de Saïd Sadi et Ali Benflis, qui ne sont pas passés dans l'émission réservée aux candidats. Aujourd'hui, les candidats qui doutent de la crédibilité de la télévision publique peuvent s'exprimer sur d'autres chaînes sans être coupés et censurés. Le ton libre est donné sur plusieurs chaînes privées comme Ennahar TV, Echourouk TV ou encore Dzair TV ou El Djazairia TV. C'est surtout ces quatre télévisions qui espèrent faire de l'audience et profiter de l'ouverture audiovisuelle. La chaîne Ennahar TV a déjà construit un nouveau studio et entend lancer dans quelques jours une émission de débat politique style: le Grand Journal de Canal + avec public, présentateur vedette et chroniqueur pour inviter les candidats à la présidentielle 2014. Même stratégie adoptée par Echourouk TV qui compte orienter sa télévision généraliste totalement vers le News et la politique. Elle a, pour ce faire, recruté plusieurs figures de l'audiovisuel privé et espère tenir la dragée haute à la chaîne Ennahar TV qui reste la télévision la plus regardée des Algériens selon le dernier sondage sur l'audience télé en Algérie. Même stratégie prônée à Dzair TV, la seule télévision privée qui appartient à un riche homme d'affaires, en l'occurrence, Ali Haddad, présenté comme le «Bouygues algérien», entend orienter ses programmes actuels par rapport à la présidentielle 2014. Deux émissions seront impliquées dans la campagne politique: Controverse animée par Khaled Draredi et l'autre en arabe Saâ min el hakika (Une heure pour la vérité) animée par Ahmed Djouami et Chawki Smati. Il y a également El Djazairia TV qui commence à sortir de son créneau le divertissement et qui entend marquer son empreinte dans cette nouvelle bataille audiovisuelle. Enfin, on notera que d'autres chaînes privées se préparent à faire leur apparition durant cette présidentielle 2014, c'est le cas d'El Khabar TV, dont le lancement est prévu pour le 15 janvier et qui espère transmettre le même savoir-faire et la même ligne éditoriale que sa version écrite à sa télévision. Mais avant toute cette campagne, il faudrait installer la première autorité de régulation audiovisuelle, qui fait déjà l'objet d'une lutte acharnée pour le choix de ses membres. C'est de ses membres que dépendra l'avenir, l'action et l'activité de ces télévisions privées dont certaines d'entre elles adorent le scoop et risquent de donner le nom du nouveau président avant le ministre de l'Intérieur.