«Comment le roman de papier peut-il rivaliser avec l'audiovisuel dans un monde où l'homme occidental passe trois heures par jour en moyenne devant son téléviseur?» Frédéric Beigbeder Alors que le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a finalisé la loi sur l'audiovisuel et attend juste son passage au Conseil des ministres, les Algériens continuent de créer leur propre chaîne de télévision. Cette semaine, une nouvelle chaîne privée algérienne a été lancée sur Nil Sat: Cirta TV. Cela porte à 11 le nombre de télévisions privées algériennes émettant toutes de l'étranger. (Echourouk TV, Ennahar TV, El djazaïria TV, Al Atlas TV, Hogar TV, Numidia news, l'Index, Samira TV, Djurdjura TV et Dzair TV) et le porterait même à 12 télévisions si on comptait Al Magharibia TV, une télévision politique émettant de Londres et qui diffuse de nombreuses informations sur l'Algérie. Mais ces télévisions qui envahissent les foyers algériens chaque mois avec des programmes parfois attrayants, sont-elles agréées? Officiellement, seules trois télévisions privées émettant de l'étranger possèdent des autorisations officielles du ministère de la Communication: Ennahar TV, Echourouk TV et El djazaïria TV. Lors du Salon de l'information organisé à la Foire internationale, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, avait déclaré que les télévisions Al Atlas et Dzair TV, n'avaient pas d'accréditation et qu'elles devront attendre que la loi sur l'audiovisuel soit adoptée à l'Assemblée pour obtenir le fameux sésame. Si ces télévisions privées n'ont pas communiqué pour donner leur version des faits, certaines télévisions comme l'Index TV ont annoncé, dans un bandeau sur leur écran, qu'elles ont officiellement obtenu leur autorisation. Pareil pour la télévision Hogar TV. Cette floraison de télévisions privées algériennes coïncide avec l'avalanche de publicité qui est déversée sur les écrans. Certaines télévisions ont tellement d'espaces publicitaires qu'elles prennent le soin d'introduire plusieurs coupures dans une même série. C'est le cas d'Echourouk TV qui a introduit des coupures entre le générique et la série Hadj Lakhdar. A quoi va servir donc la loi sur l'audiovisuel si ce n'est pour donner des autorisations et créer une autorité audiovisuelle afin de gérer l'anarchie qui règne dans le paysage audiovisuel algérien. La Tunisie qui vient de vivre une révolution arabe n'a pas présenté une loi sur l'audiovisuel devant le Parlement. C'est le président tunisien Marzouki qui a donné son accord pour la création de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). Celle-ci était même à l'oeuvre puisqu'elle a réagi avec énergie cette semaine pour dénoncer la violence sur certaines caméras cachées présentées sur des télévisions privées tunisiennes. Au regard de la mutation du paysage audiovisuel algérien et surtout arabe, il devient presque inutile de présenter une loi sur l'audiovisuel au moment où la télévision s'est démocratisée à une vitesse éclair. [email protected]