Notre pays se retrouve à la 94e position avec le Bénin, la Colombie, l'Arménie et Djibouti. L'Algérie est épinglée encore une fois par Transparency International. Selon le rapport sur l'indice de perception de la corruption 2013, publié, hier, l'Algérie n'a obtenu qu'une très mauvaise note de 36 points sur 100. Sur la liste de classement, l'Algérie se retrouve à la 94e position avec le Bénin, la Colombie, l'Arménie et le Djibouti. L'année précédente, soit en 2012, l'Algérie a obtenu 34 points sur 100 et fut classée en 105e place. Même si elle a gagné deux points et avancé de 10 positions, l'Algérie oscille dans cette fourchette des pays les plus corrompus au monde, selon les observateurs. Sur l'échelle maghrébine, la donne ne change pas puisque la Tunisie et le Maroc classés respectivement au 77e et 91e rang demeurent mieux lotis que l'Algérie. L'Egypte, la Syrie, la Libye, le Soudan, le Yemen, l'Irak, l'Indonésie sont autant de pays arabes et musulmans figurant au dernier peloton de la liste fermée par la Somalie. Plus des deux tiers des 177 dont l' Algérie, pays étudiés dans le cadre de l'indice 2013 obtiennent une mauvaise note inférieure à 50, sur une échelle allant de 0 (pays perçu comme étant extrêmement corrompu) à 100 (pays perçu comme étant très peu corrompu). L'indice de perception de la corruption 2013 de Transparency International rappelle que les abus de pouvoir, les transactions secrètes et les commissions occultes continuent à faire des ravages partout dans le monde. «L'heure est venue de mettre un terme à l'impunité dont jouissent certains responsables corrompus. Les failles juridiques et le manque de volonté politique ouvrent la voie à la corruption à l'échelle nationale comme à l'échelle transnationale. Nous devons intensifier nos efforts pour ne pas laisser la corruption impunie», dixit la première responsable de Transparency International, Huguette Labelle. Contacté, hier, le porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (Aacc), Djilali Hedjadj souligne que «le classement de l'Algérie toujours désastreux démontre qu'aucun progrès n' a été enregistré en matière de lutte contre la corruption, et ce, depuis 11 ans». Aux yeux de M.Hedjadj, également membre de Transparency International, «non seulement, il y a l'absence de volonté politique pour atténuer ce fléau généralisé à tous les niveaux, la loi 06/01 du 20 février 2006 relative à la prévention et la lutte contre la corruption comporte plusieurs aspects négatifs». Il y a d'abord, le Code des marchés publics, qui a été trop révisé à la baisse et où le gré à grè est devenu une règle, pas une exception. Le processus de déclaration du patrimoine défini par la loi 06/01 du 20 février 2006, issue de la convention des Nations unies ratifiée en 2004 par l' Algérie, n'est toujours pas appliqué. En second lieu, l'Agence gouvernementale contre la corruption est inopérante, dans la mesure où elle s'est murée derrière un silence total à propos des scandales ayant touché des entreprises et institutions publiques. Et paradoxalement, ajoute-t-il «on a mis en place cette agence sans apporter des modifications à la loi de 2006». L'un des aspects les plus importants et décisifs à savoir la protection des témoins, des dénonciateurs n'est pas près d'être pris en charge. Dans ce contexte, M Hedjadj regrette que ces témoins soient victimes de représailles systématiques, faute d'une protection. A ce propos, il reproche au gouvernement d'avoir reculé sur cette question dans la mesure où la volonté de mettre en place les mécanismes de protection des témoins affichée par l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi n'est pas concrétisée. Plus inquiétant encore, tous les procès des différents scandales financiers n'ont pas abouti à ce jour, à l'exemple de celui de Sonatrach 1 et 2, l'autoroute Est-Ouest...etc. Il est scandaleux que de nombreux dossiers de corruption restent étouffés au niveau de la Cour suprême, déplore-t-il en citant l'exemple des poursuites judiciaires contre les walis de Blida et d'El Tarf qui sont demeurées bloquées à ce jour au stade de la Cour suprême. Un grand problème de compétence se pose aussi au sein du corps des magistrats, notamment concernant leurs aptitudes et formations dans le domaine de la coopération et l'entraide judiciaire internationale. A ces indices qui ont dessiné les limites de la lutte contre la dilapidation des deniers publics, s'ajoute une justice dépendante.