Le second procès pour «incitation au Meurtre» de manifestants de Mohamed Badie, Guide suprême des Frères musulmans, la confrérie du président islamiste égyptien Mohamed Morsi destitué par l'armée, a été ajourné hier au 11 février. Mohamed Badie est apparu à l'audience avec ses co-accusés, ce qui n'avait pas été le cas lors des deux audiences d'une autre affaire -toujours en cours- pour «incitation au meurtre» de manifestants, a indiqué aux journalistes le principal avocat de la défense, Mohamed Damati, à l'issue de l'audience. L'armée a destitué et arrêté le 3 juillet M.Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, et le nouveau gouvernement dirigé de facto par les militaires réprime de manière implacable et très meurtrière toutes les manifestations de ses partisans depuis mi-août. La quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans ont été arrêtés depuis et - à l'instar de M. Morsi en personne - sont jugés par divers tribunaux notamment pour «incitation au meurtre» de manifestants lorsqu'ils étaient au pouvoir ou après la chute du gouvernement islamiste. Mohamed Badie est accusé, ainsi que 14 autres responsables des Frères musulmans, d'avoir incité ses partisans à tuer des manifestants opposés à M.Morsi le 15 juillet. «C'est un procès politique, il n'y a aucune preuve que les accusés aient commis les crimes qu'on leur reproche», a déclaré Me Damati à la presse. «Le tribunal a ajourné le procès au 11 février», a-t-il ajouté, sans autres précisions. Seuls quelques journalistes de la presse égyptienne ont pu assister à l'audience. Parmi les co-accusés figurent Mohamed Beltagi, ancien parlementaire, Essam el-Erian, dirigeant de la confrérie, Safwat Hegazy, influent prédicateur pro-Morsi, et Bassem Kamel Mohamed Ouda, ancien ministre de l'Approvisionnement de M.Morsi. M.Morsi lui-même est actuellement jugé pour «incitation au meurtre» de sept manifestants lors de heurts devant la présidence le 5 décembre 2012. Son procès, ouvert le 4 novembre, doit reprendre le 8 janvier. Depuis sa destitution, les islamistes ont été durement réprimés: plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont été tués par les forces de l'ordre depuis le 14 août et plusieurs milliers de Frères musulmans arrêtés.