Un rapport final des inspecteurs des Nations unies transmis au secrétaire général Ban Ki-moon, confirme que des armes chimiques ont été utilisées, de manière probable ou certaine, à cinq reprises dans le conflit syrien. L'«Armée» syrienne libre (ASL), en perte de vitesse face aux islamistes et jihadistes, a subi un nouveau revers après la suspension par Washington et Londres de leurs aides non létales, alors qu'un rapport de l'ONU confirme jeudi que des armes chimiques ont été utilisées. Selon le rapport final des inspecteurs des Nations unies transmis au secrétaire général Ban Ki-moon, des armes chimiques ont été utilisées, de manière probable ou certaine, à cinq reprises dans le conflit syrien. Mais le rapport ne désigne pas les responsables de ces attaques, car les inspecteurs n'étaient pas mandatés pour le faire. Le texte cite des «preuves» ou des «informations crédibles» tendant à prouver l'utilisation des armes chimiques dans la Ghouta près de Damas, à Khan al-Assal (près d'Alep, nord), à Jobar, à Saraqeb (nord-ouest) et à Achrafié Sahnaya. Les indices ne sont pas jugés concluants à Bahhriyé ni à Cheikh Maqsoud, un faubourg d'Alep. Entre mercredi et jeudi, au moins 15 civils, en majorité des alaouites, ont été tués dans une attaque rebelle à Adra, dans la province de Damas, a indiqué une ONG syrienne. Cet affaiblissement de la rébellion intervient alors qu'un ancien patron de la CIA, Michael Hayden, a estimé jeudi à Washington qu'une victoire de Bachar al-Assad en Syrie pourrait être «le meilleur de trois très, très horribles scénarios», dont aucun ne prévoit la victoire de la rébellion. Il a toutefois estimé que l'issue actuellement la plus probable du conflit est que l'on s'achemine vers la dissolution du pays entre factions rivales. «Cela signifie aussi la fin (des frontières dessinées en 1916 lors des accords franco-britanniques) de Sykes-Picot. Cela entraînerait la dissolution des Etats artificiellement créés dans la région après la Première Guerre mondiale», a déclaré M.Hayden à la tribune de la 7e conférence annuelle sur le terrorisme. Au même moment, les préparatifs vont bon train pour réunir régime et opposition autour d'une même table en janvier lors d'une conférence de paix internationale censée trouver une issue à plus de deux ans et demi de conflit qui a fait plus de 126.000 morts et quelque 2,2 millions de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Des diplomates ont affirmé que la conférence, prévue initialement à Genève, se tiendrait finalement à Montreux, sur le lac Leman. Hier, Amnesty International a accusé les pays européens d'ériger une «forteresse» pour se protéger des réfugiés syriens, qu'ils ne sont prêts à accueillir qu'en «nombre pitoyablement bas». L'Allemagne est «de loin le pays le plus généreux, en s'engageant à accueillir 10.000 réfugiés, soit 80% des engagements de l'UE», tandis que la France n'offre que 500 places, soit 0,02% du nombre total de personnes qui ont fui la Syrie. Dix-huit pays de l'UE, dont le Royaume-Uni et l'Italie, n'ont proposé aucune place, selon l'organisation basée à Londres. L'annonce par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de la suspension de leurs aides non létales à la rébellion est survenue après que des combattants islamistes se sont emparés d'un passage clé à la frontière turque, des sièges de l'ASL ainsi que de ses dépôts d'armes. Les tensions sont montées entre le Front islamique, créé en novembre par la fusion de sept groupes islamistes, et l'ASL, la coalition rebelle chapeautée par l'opposition en exil, bien que les deux camps luttent pour la chute du régime. Début décembre, le Front islamique avait annoncé quitter l'état-major de l'ASL, accentuant encore plus le morcellement de la rébellion. «L'ASL a perdu d'importants groupes de combattants avec la création du Front islamique», note Aron Lund, un expert sur la rébellion syrienne basé en Suède.