Damas ne redoute pas seulement la mise (dès hier) du front djihadiste « syrien » Al Nosra, sous la coupe d'Al Qaïda d'Irak. Elle craint plutôt le scénario qui a conduit les Etats-Unis et quelques pays européens, a envahir ce pays, sous le pouvoir alors, de Sadam Hussein, soupçonné, à tort, de détenir des armes de destruction massive. C'est en projetant une telle perspective, que le gouvernement syrien a rejeté, lundi, la mission des enquêteurs de l'ONU devant être envoyés dans le pays pour déterminer si des armes chimiques sont utilisées dans le conflit, telle que l'a proposée, le même jour, par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Une demande qui fait suite aux accusations mutuelles que se livrent, en boucle, Damas et l'opposition armée d'un côté et les pays occidentaux et quelques pays arabes, farouchement opposés au régime de Bachar Al Assad, de l'autre, sur l'utilisation des armes chimiques dans les régions d'Alep et de Damas. Des allégations auxquelles le patron de l'ONU entend donner suite. « La Syrie ne pouvait accepter de telles manoeuvres de la part du secrétariat général de l'ONU, tenant compte du rôle négatif qu'il a joué en Irak et qui a ouvert la voie à l'invasion américaine de 2003 », a expliqué un responsable du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence officielle SANA, « regrettant » que Ban Ki-moon « ait cédé aux pressions d'Etats connus pour leur soutien à l'effusion de sang en Syrie » sans, néanmoins, préciser de quels pays il s'agissait. La suggestion du chef de l'ONU est, selon la diplomatie syrienne, contraire à la demande qu'a faite la Syrie aux Nations unies qui prévoyait « l'envoi d'une mission technique neutre et honnête au village de Khan Aassal dans la province d'Alep (nord) pour enquêter sur ce qui s'est passé après que le village eut été la cible d'un missile doté de matières chimiques toxiques tiré par les bandes terroristes ». Le ministère syrien des Affaires étrangères a, d'ailleurs fait part, de son étonnement par rapport à la nouvelle sortie de M. Ban Ki-moon, en précisant que les consultations et « lettres échangées » entre la Syrie et l'ONU avaient « jusqu'au 3 avril enregistré des progrès » avant l'arrivée de Ban Ki-moon à La Haye où il a formulé sa demande d'une « mission supplémentaire ». La réaction du premier responsable de l'ONU au refus syrien n'a pas tardé. Il a appelé, hier, Damas à « coopérer » avec la mission et autoriser ses membres à faire « leur » travail.