Ecrivains des frontières tel est le thème du film documentaire projeté lundi à la BN du Hamma. Dans le cadre de ses activités la Bibliothèque nationale d'El Hamma a donné à voir un film documentaire Oudaba el Houdoud (les Ecrivains des frontières). Cette projection a été rehaussée par la présence de l'écrivain français Christian Salmon, président du Parlement mondial des écrivains. L'objet du documentaire est centré sur le voyage fait en territoires occupés en solidarité avec le président palestinien Yasser Arafat et le poète palestinien Mahmoud Darwiche, prisonniers au QG de la Mouqataâ, siège de l'Autorité palestinienne, à Ramallah depuis décembre 2001. Des écrivains venus des cinq continents et de plusieurs pays ont tenu à répondre à l'appel de leur pair le grand poète Mahmoud Darwiche. C'est ce pèlerinage à ce haut lieu de la résistance palestinienne, Ramallah, que le film a immortalisé en donnant à voir les réalités qui sont celle des Palestiniens sous le joug israélien. L'écrivain français Christian Salmon interviendra avant la projection pour expliquer les raisons qui l'ont amené à tourner ce documentaire de solidarité indiquant : «Nous avons eu l'idée d'effectuer une visite de solidarité au profit du poète», estimant ce geste comme étant «un témoignage de notre soutien aux écrivains palestiniens». Le documentaire est un long cri de témoins horrifiés par le sort réservé par l'armée d'occupation israélienne aux enfants martyrs palestiniens. Ils étaient huit écrivains de réputation mondiale tels le Nigérian Wole Soyinka, l'Espagnol Juan Goytisolo pour ne citer que ces deux monuments de la littérature universelle. Cette visite a été pour les enfants, les femmes et les hommes de Palestine occupée comme un trait de lumière et comme l'affirme Mahmoud Darwiche, privé de liberté depuis trois ans, au nom du peuple palestinien. «Nous souffrons d'un mal incurable : l'espoir». C'est cet espoir en fait qui fait vivre et lutter le peuple palestinien depuis plus d'un demi-siècle pour recouvrer sa liberté et son indépendance. C'est encore l'écrivain espagnol Juan Goytisolo qui résume le mieux le sens de ce voyage initiatique en territoires palestiniens occupés en affirmant : «Il n'est jamais trop tard pour réagir contre les injustices de l'Histoire». La visite au grand poète palestinien a ainsi été le prétexte pour montrer l'envers du décor, montrer un peuple qui souffre sous l'oppression, montrer ces enfants dont l'avenir obturé n'a pas de futur. La Palestine? Ça n'existe pas, n'importe quel Israélien vous le dira. De fait, lorsque l'on parle de ce pays on dit les «Palestiniens» ou les territoires palestiniens occupés, jamais le mot «Palestine» n'est prononcé. De Palestine point ! Durant toutes ces années, Israël s'est ainsi livré à une grande falsification tendant à faire croire que la Palestine n'existe pas. Christian Salmon encore qui observe : «L'occupation, c'est le droit de décider ce qui est éclairé et ce qui est plongé dans l'obscurité», alors que son collègue chinois Bei Dao de souligner : «Le refus de la lumière nous renvoie au déni initial». Les huit écrivains présents en Palestine occupée ont témoigné chacun dans sa langue natale en hommage au peuple palestinien. Ce documentaire, produit en neuf langues, décrit l'oppression, les destructions et l'injustice dont sont victimes les Palestiniens à Ghaza et en Cisjordanie subissant des humiliations quotidiennes aux différents points de contrôle et de passage. Dans le film, on découvre des scènes de barbarie commises par les soldats israéliens comme une scène qui se passe dans un champ d'oliviers. A l'arrière-plan, un soldat israélien, tronçonneuse à la main, allège méthodiquement un arbre de ses branches les plus lourdes puis attaque le tronc à la base, tranquillement comme un bûcheron, laissant paraître ni hésitation ni trouble de conscience, protégé qu'il est par deux hommes armés de fusils mitrailleurs pointés vers la caméra ; au premier plan, un homme assis sur un talus, pleure cette violence faite à la nature : «Ce sont mes oliviers, c'est tout ce qui me restait», lance cet homme en séchant ses larmes. Le peuple palestinien fait face courageusement à la puissante armada israélienne qui viole son histoire et la terre de ses ancêtres. Le groupe d'écrivains a, par ailleurs, rendu visite au président Yasser Arafat, au moment où il était assiégé dans son QG de Ramallah, quartier général partiellement détruit depuis les bombardements qu'il a subis en mars 2002. Le film documentaire est projeté dans les salles de cinéma en France depuis le 10 mars dernier à l'Espace Saint-Michel et aux Etats-Unis, ajoute Salomon. Il sera projeté prochainement en Algérie. Rappelons enfin que le Parlement international des écrivains est créé en 1993 à la suite de l'assassinat de l'Algérien Tahar Djaout.