Sans l'opposition, la démocratie n'existerait pas. Tous les démocrates ne peuvent donc que saluer le mouvement d'opposition (coalition d'une vingtaine de partis politiques) qui s'est réuni, samedi dernier à Alger. Au terme de leur rencontre, ces partis ont rendu public un communiqué. On passe sur les généralités pour ne garder que l'essentiel du texte. Ce «groupe des 20» comme s'accordent à le désigner les médias fait part de trois exigences. Les trois axées sur la prochaine élection présidentielle. Le groupe exige, en premier lieu, le report de la révision de la Constitution. Si on exclut un «ravalement de façade» de la loi fondamentale, conjoncturellement inutile, pour comprendre qu'il s'agit de la révision référendaire, cette exigence est déjà «accordée» par le calendrier. Il est difficile d'en être autrement à la veille de la convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle. Deuxième exigence, changement du gouvernement. Partiel s'entend. Le groupe ne vise que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et le ministre de la Justice. Ces deux membres du gouvernement doivent être, selon l'opposition coalisée, remplacés par des personnalités «intègres et neutres» pour «garantir le principe de parité des chances entre les différents candidats». Sans entrer dans le débat stérile qui consisterait à rappeler les règles républicaines qui s'appliquent à la formation du gouvernement, le moins qu'auraient dû ajouter ces partis d'opposition, est le nom des personnalités «intègres et neutres» qu'ils proposent pour ce changement. Aucune trace dans le communiqué. Mettons cela sur le compte de l'oubli (même si le syndrome du vide n'est pas nouveau) et continuons. La troisième exigence est «l'installation d'une commission indépendante chargée de préparer et d'organiser le scrutin présidentiel» et d'ajouter «dans toutes ses étapes». Là c'est plus difficile à comprendre. Si notre mémoire ne nous joue pas des tours, il existe dans notre pays une loi électorale. On croit même savoir qu'elle a été adoptée par le Parlement en janvier 2012. Ce groupe de 20 partis politiques dispose, très certainement, de quelques parlementaires qui peuvent en témoigner. Nous sommes en République et tous les Algériens aspirent à vivre dans un véritable Etat de droit. Les élus comme les électeurs. C'est dire combien cette troisième exigence est totalement incompatible avec ces aspirations. Faire table rase d'une loi de la République pour exiger, à la place, un mécanisme de circonstance conçu dans un espace partisan, est tout sauf démocratique. On ne dit même pas légaliste. Plus grave encore et toujours, ce sacré syndrome du vide, le communiqué ne donne aucun détail sur cette «structure indépendante». Ni sur sa composante ni sur ces différents aspects liés à «toutes les étapes» dont il est question dans le communiqué. Au final, toutes ces exigences ne peuvent emprunter qu'une seule voie que tous les partis politiques connaissent. Celle de l'action politique. Celle d'une base électorale apte à obtenir une majorité parlementaire qui permet d'amender les lois y compris la loi électorale. Et même, ce qui est l'essence même d'un parti politique, conquérir le pouvoir. Prendre d'autres chemins escarpés ne peut être que contre-productif pour une ou des formations politiques. L'opinion publique algérienne a acquis une maturité forgée par les sanglantes épreuves qu'elle a endurées. 20 partis politiques qui publient un message décousu et incohérent risquent de perdre le peu de voix qu'ils ont pu récolter aux dernières consultations. Croire qu'un tel message puisse occuper les esprits et combler ainsi le vide programmatique, c'est faire injure à la lucidité de l'opinion publique nationale. L'opposition dans une démocratie, c'est bien! Le tout dans un Etat de droit, c'est, naturellement mieux!