«Concernant la question du 4e mandat, on a été responsable, sage et prudent. On a dit que s'il décide de se présenter à l'élection, on le soutient», indique M. Belayat. La crise du FLN a atteint un autre sommet de gravité avec l'existence de deux bureaux politiques qui se réclament chacun de la légitimité.Le bureau politique coordonné par Abderrahmane Belayat s'est réuni ce 15 décembre pour étudier la situation organique et politique du parti.Du communiqué sanctionnant cette réunion, ressortent deux points essentiels. Les partisans de Belayat persistent dans leur position concernant l'illégitimité de Amar Saâdani à la tête du FLN, se démarquant de toutes les déclarations et actions initiées par ce dernier. «Le bureau politique affirme que la vacance du secrétariat général du parti, observée depuis le retrait de confiance à l'ex-secrétaire général (Abdelaziz Belkhadem, Ndlr) est toujours de mise en raison de l'illégitimité de toute personne prétendant être le secrétaire général», lit-on dans le communiqué. De ce fait, toutes les décisions prises depuis la réunion du 29 août 2013 à l'hôtel El Aurassi qui a vu Amar Saâdani prendre les rênes du FLN, sont jugées illégales, du fait du caractère «illégal de la session elle-même». Dans le même communiqué, l'initiative des membres du comité central qui ont commencé à recueillir des signatures en vue d'organiser une session extraordinaire de leur instance est saluée. «Depuis la réunion du 29 août, le FLN est entré dans un tournant dangereux. Le parti est fracturé et divisé», a déploré Aberrahmane Belayat joint hier au téléphone. Notre interlocuteur et ses partisans ne semblent pas vouloir se laisser faire et se contenter du rôle de simples spectateurs face à une «situation qui s'aggrave». Il soutient qu'une session extraordinaire du comité central aura lieu et dénonce les déclarations de Saâdani dans lesquelles il s'est attaqué aux services de sécurité et au Premier ministre estimant que «ces propos n'engagent pas le FLN». Pour rattraper le tort, le communiqué a salué «les efforts de l'ANP et des services de sécurité qui veillent sur la sécurité nationale, la protection des frontières et de la souveraineté de l'Etat algérien». Le deuxième point le plus important du communiqué du bureau politique de Belayat est le soutien à la candidature de Bouteflika, président d'honneur du parti, à un 4e mandat, s'il décide de présenter sa candidature. Mais même sur ce point, il y a une différence de taille entre la décision, du reste jugée illégitime, de Saâdani et la position de Belayat, entre-temps devenu l'allié du mouvement de redressement dont la coordination est assumée par Abdelkrim Abada. En effet, depuis son installation à la tête du FLN, M.Saâdani a fait adopter aux mouhafedhs et aux parlementaires du parti une motion appelant Bouteflika à briguer un autre mandat présidentiel. Le comité central réuni juste après a élu Bouteflika comme candidat du FLN à la présidentielle d'avril 2014. «Saâdani veut inciter Bouteflika et lui forcer la main», a dénoncé Belayat, précisant que «nous ne sommes pas de cet avis». «Concernant la question du 4e mandat, on a été responsable, sage et prudent. On a dit que s'il décide de se présenter à l'élection, on le soutient», a-t-il ajouté. Et si à la dernière minute, Bouteflika déclinera toutes les invitations le sollicitant à postuler pour un autre mandat? Dans ce cas, les observateurs estiment que le FLN se déchirera davantage. Deux clans vont s'affronter à couteaux tirés. Il s'agit de ceux qui sont restés fidèles à l'ancien secrétaire général Ali Benflis et les partisans de Belkhadem qui, selon nos sources, souhaitent la défection de Bouteflika pour sortir des bois.