Neuf personnes sont mortes jeudi dans les combats entre salafistes, soutenus par les tribus, et Zaïdites chiites qui font rage dans le nord du Yémen depuis plusieurs semaines, a affirmé hier une source tribale. Selon Khaled al-Azzani, porte-parole de l'école coranique Dar al-Hadith (sunnite) les salafistes déplorent «180 morts, dont 23 enfants et 4 femmes, et 510 blessés» depuis fin octobre. Aucun bilan n'a pu être obtenu de sources indépendantes dans cette région difficile d'accès, près de deux mois après le déclenchement des hostilités. «Parmi les personnes tuées figurent des étudiants étrangers, originaires du Maghreb, d'Europe, dont la France, et d'Amérique», a affirmé M.Azzani, sans autre précisions. «La situation est tragique à Dammaj», a-t-il ajouté, accusant les rebelles zaïdites de bombarder la ville à l'arme lourde dans leurs attaques. Jeudi, «sept (rebelles zaïdites) houthis et deux hommes de tribus ont été tués dans les affrontements, qui se poursuivent par intermittence» notamment dans la région de Kitaf, dans le nord de la province de Saada, fief de la rébellion zaïdite, et dans la province voisine d'Amrane, selon une source tribale. M. Azzani a confirmé ce bilan. Un responsable de la rébellion d'Ansarullah (zaïdite), Ali al-Bakhiti, a déclaré qu'il y avait eu «des morts et des blessés», sans préciser leur nombre. Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) a indiqué avoir des difficultés pour accéder à la zone des combats depuis sa dernière opération humanitaire, le 24 novembre, qui lui avait permis d'évacuer des blessés et d'apporter une aide aux habitants assiégés. «Le CICR se tient prêt à entrer à Dammaj immédiatement pour évacuer les malades et les blessés, à condition qu'il soit en mesure d'effectuer son travail (...) sans conditions préalables d'aucune sorte», a déclaré jeudi le chef de son bureau à Sanaa, Cedric Schweizer, dans un communiqué. Il a appelé tous les protagonistes à «respecter la vie et la dignité de toutes les personnes arrêtées dans le cadre du conflit (...) indépendamment du fait que ces personnes soient des combattants ou des civils». Les combats ont éclaté fin octobre à Dammaj, enclave tenue par des fondamentalistes sunnites dans la province de Saada, à la suite d'une attaque lancée, selon ces derniers, par des rebelles zaïdites contre l'une de leurs mosquées. Les rebelles zaïdites accusent les salafistes d'avoir transformé le centre de Dammaj en caserne abritant des milliers d'étrangers armés, allusion à l'école coranique qui forme des prédicateurs sunnites. Ali al-Bakhiti, représentant d'Ansarullah à la conférence du dialogue national à Sanaa, a estimé qu'il s'agissait d'une «guerre tribale, et non confessionnelle, contrairement à ce qu'affirment les salafistes». Le zaïdisme est une branche du chiisme, majoritaire dans le nord du Yémen, alors qu'à l'échelle nationale, les sunnites sont prédominants.