De la volonté du chef de l'Etat à dissoudre les deux chambres dépend la survie de l'opposition. L'entrée en lice de l'alliance stratégique, composée du RND, du MSP et du mouvement de redressement, sur la scène politique nationale risque de brouiller les cartes de certains partis d'opposition dont l'aura tend à s'estomper au fil des échéances électorales. En effet pour avoir une mainmise sur les décisions politiques et socio-économiques, l'alliance stratégique tissée pour durer, a décidé de présenter lors des prochaines législatives des listes communes pour se muer en une puissante formation politique. D'autant que les «divergences de fond» entre les trois partis qui la composent n'ont eu de cesse de s'estomper. Cette stratégie est élaborée dans le but de contrer toute opposition au programme du président de la République qu'elle a soutenu lors de la campagne électorale. Néanmoins, l'opposition politique n'et pas prête à baisser les bras ni à s'avouer vaincue d'avance. Cependant au vu de la recomposition du champ politique, la tâche n'est guère aisée. D'autant que l'échec de certains chefs de partis engagés dans la dernière course à la présidentielle n'est pas sans avoir laissé des séquelles dans les rangs des militants qui ont vu leurs illusions s'envoler comme des chimères. C'est d'ailleurs dans cette optique que les cadres dirigeants de ces partis ont d'ores et déjà entamé leur campagne de proximité dans l'espoir de maintenir l'engouement suscité lors de la campagne électorale. Un engouement qu'il faudra fortifier dans la perspective des prochaines législatives dont dépend la survie de ces formations politiques. Mais dans le cas où le président de la République déciderait de faire l'économie d'une dissolution de l'APN et de la convocation d'élections législatives anticipées, ce sera à court terme la mort politique qui guette ces associations à caractère politique et même celle de certaines personnalités à l'instar de Sid-Ahmed Ghozali, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche et tant d'autres. En effet le plébiscite de M.Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat a discrédité aux yeux de l'opinion publique la classe politique, loin d'être en phase avec les aspirations d'une grande majorité de la société algérienne. En outre, il est vrai, toutefois, qu'aucune refondation globale ne saurait voir le jour sans législatives anticipées. Ce n'est que dans cette optique que l'on saura exactement quelle place occupe l'opposition politique. En effet, excepté le FLN, version Ali Benflis, le RCD le FFS ainsi que le MRN et à un degré moindre pour Wafa et le FD de Sid-Ahmed Ghozali, même s'ils ne sont pas encore agréés, ne sont pas représentés au niveau de l'APN. D'où leur incapacité à peser sur le cours des choses. D'autant que, comme l'avait déclaré Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, pour que la rupture et le changement puissent avoir lieu il faut que «l'opposition démocratique soit en force au sein des institutions». Seule condition à même de changer le système de l'intérieur. De ce fait, il est impératif pour l'opposition politique que la dissolution de l'APN se fasse au plus vite afin de tester réellement sa capacité de mobilisation et son poids au sein de la société. Dans cette optique, le RCD a déjà réuni ses conseils régionaux aux fins d'établir les «perspectives de redéploiement du parti» en Kabylie surtout. Une région cumulant à elle seule 3 millions de voix mais qu'il faudra cependant partager avec le FFS, l'UDR, le FLN et l'alliance stratégique. Cependant si le président de la République décide de maintenir l'actuelle assemblée en son état jusqu'aux législatives de 2006, il est à craindre que l'engouement suscité par les premiers responsables de ces partis s'estompe au fil du temps d'autant que les citoyens ne sont pas convaincus du travail accompli jusque-là par les représentants du peuple. En outre, l'opposition reste très divisée et les analystes demeurent sceptiques quant à ses chances de drainer derrière elle les masses populaires pour rééditer le modèle géorgien.