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Une commission d'enquête à pied d'oeuvre
PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE DE GUELMA À L'ABANDON
Publié dans L'Expression le 31 - 12 - 2013


Des archéologues restaurent un site
Bradage des sites archéologiques, conséquence évidente de la disparition de l'identité nationale.
La wilaya de Guelma dispose de plusieurs anciens musées au niveau des localités de Hammam Debagh, appelé communément Hammam Meskhoutine: (le bain des damnés). Le site est connu aussi pour sa source chaude, sa joyeuse cascade (chellala) et sa station thermale sans oublier le site antique Thibilis à Sellaoua Announa, sur la Route nationale N°20 Guelma-Constantine. Ces musées recèlent de richesses archéologiques d'une valeur inestimable dont des mosaïques, des sculptures et divers objets qui n'ont pas de prix. D'inestimables sites enchanteurs et des stations thermales du secteur privé et public. L'eau de ces sources qui avoisinant les 97° C sort des entrailles de la terre dans un décor impressionnant. D'aucuns plongent pendant quelques minutes des oeufs frais dans de petites rigoles pour les déguster durs ou à la coque. Les autochtones se font un plaisir de guider les vagues de touristes à qui ils racontent une fameuse légende concernant le cortège nuptial maudit et pétrifié suite à une colère divine. Selon les narrateurs, il avait été célébré un mariage inceste unissant un frère à sa soeur et toute la procession nuptiale a été statufiée dans ce site.
Les guides s'évertuent à montrer les pierres figées représentant le couple maudit, le cadi qui a procédé à cette union, les parents, les voisins et les invités. Pour justifier cette légende, ils rappellent que Hammam Debagh s'appelait dans un passé récent Hammam Meskhoutine, à savoir le bain des-damnés. Suite à une visite d'inspection opérée dernièrement par une commission ministérielle, il a été constaté qu'un lot de terrain de 12 hectares a été attribué à un privé dans le cadre du comité d'assistance à la localisation, la promotion des investissements et la régulation du foncier (Calpiref). Ce site pourrait confirmer, si d'autres inscriptions ou indices seront découverts, la localisation définitive du cimetière romain sur le terrain attribué pour construire un hôtel de luxe, malgré le fait qu'il soit situé à proximité de ce patrimoine archéologique constitué de milliers de dolmens répartis sur les sites et la source d'eau chaude qui font la renommée du site. La direction de la culture de la wilaya de Guelma, en collaboration avec l'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites et monuments historiques, attire l'attention de l'opinion publique sur l'attribution de lots de terrain qui, au lieu de se faire selon des normes universellement reconnues, se fait à Hammam Meskhoutine, au détriment de certaines données pourtant non négligeables au vu du lieu où est implantée cette commune. Et quand elle met en danger l'histoire et l'archéologie, ce sont les habitants qui tirent la sonnette d'alarme. Selon cette agence «les autorités locales semblent manifestement complices et absentes, pour le respect d'une mise en application des dispositions de loi régissant la protection des biens historiques et culturels du patrimoine national.» A cet effet, outre les constructions illicites et ravageuses, des permis de construire sont livrés sciemment par les élus locaux. A ce jour, l'étendue du site archéologique se voit de plus en plus agressée par une volonté acharnée et abusive des constructions de villas en béton, permettant une forme d'urbanisation accélérée au détriment de l'entité historique et civilisationnelle que représentent les vestiges archéologiques de Hammam Meskhoutine. Mais la presque totalité de ces vestiges subit en permanence des dégradations naturelles et surtout humaines.
Les travaux de restauration demandent des moyens colossaux. La tâche de la direction de la culture est ardue. Pour rappel, la période antique est marquée par des comptoirs fondés par les Carthaginois aux Ve et VIe siècles av. J.-C. à Hammam Meskhoutine, Roknia et Sellaoua Announa (Tibilis) et les Romains à partir du 1er siècle ap.J.C. dans la même région de l'est de l'Algérie. Pour la période byzantine, on retrouve plusieurs murailles autour des villes, ainsi en 539, on éleva à Calama, (Antique Guelma) l'enceinte byzantine que les Français découvriront plus ou moins intacte en 1836. Ils la restaurèrent en 1842 et 1843, ce ne fut pas le cas des petites forteresses à l'extérieur de la ville, ni d'un nombre de fortins et citadelles érigés dans la circonscription. L'enceinte fut construite à l'aide de pierres d'anciens monuments, sculptées ou non, en marbre ou en calcaire.
Des sites qui auraient pu booster le tourisme dans la wilaya de Guelma, les autorités ne se sont jamais chargées de leurs préservation et restauration. Mais aujourd'hui, tous ces sites sont dans un état d'abandon et de dégradation avancés. Pourtant, des lois existent, mais le problème est dans leur application. A signaler que cette enquête du ministère de la Culture fait suite aux doléances parvenues au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, par le député Smaïn Kouadria dénonçant les investisseurs, faisant état de «favoritisme» organisé par le Comité d'aide à la localisation et à la promotion de l'investissement et de la régulation du foncier (Calpiref) de la wilaya de Guelma en faveur de certains investisseurs venus d'autres wilayas du pays profond au détriment des investisseurs de la région.
Des agissements qui, selon les informations qui nous ont été fournies, tant par les jaloux pour cette richesse inestimable que par les habitants de cette localité censée être classée patrimoine mondial par l'Unesco, malheureusement, en dépit de toutes les initiatives engagées par les professionnels du domaine, à savoir chercheurs en archéologie, étudiants et autres responsables du secteur. Dans ce sillage, on rappellera la table ronde qui s'était déroulée les 29 et 30 novembre 2008, une rencontre organisée à l'initiative du département d'archéologie de l'université de Guelma en partenariat avec le ministère de la Culture, le ministère français de la Culture et de la Communication (direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur - service régional de l'archéologie) et le concours du ministère français des Affaires étrangères (Centre culturel de Annaba). Cette première rencontre avait été soutenue par le réseau des Universités euro-méditerranéennes Téthys, et avait pour ambition d'ouvrir à partir d'exemples concrets une discussion avec tous les archéologues oeuvrant dans l'espace méditerranéen sur les questions d'inventaire archéologique mené à terre et sous les eaux. La confrontation des expériences sur ce sujet majeur devait réserver une place importante aux questions méthodologiques, à la finalité des inventaires et aux rendus des données, en particulier pour ce qui concerne la cartographie. Aussi, les communications avaient, notons-le, intéressé toutes les périodes chronologiques, de la préhistoire ancienne à l'époque moderne. Aboutissant à des propositions d'interventions qui devraient être adressées à l'époque, au secrétariat du comité d'organisation, au plus tard le 25 juillet 2008. Les participants avaient été invités à soumettre des articles en langues arabe, française ou anglaise présentant les résultats de travaux de recherche finalisés ou en cours, exclusivement sous forme numérique. Ces articles, une fois acceptés devaient être présentés en conférences plénières et publiés dans les actes de la table ronde internationale. Or, aucune de ces recommandations n'a été concrétisée, de par l'indifférence des acteurs de l'époque en charge de cette tâche. Depuis, les sites archéologiques de la wilaya de Guelma, Hammam Debagh, entre autres, subissent des agressions, et aujourd'hui, ils font l'objet de bradage qualifié, voire même planifié».


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